Comment un parti idĂ©ologique a-t-il pu faire cavalier seul pour annihiler l’hĂ©ritage d’un pays ? Pourquoi les islamistes, au lieu de rĂ©aliser les objectifs de la rĂ©volution, se sont-ils acharnĂ©s sur le legs que nous a laissĂ© Habib Bourguiba ?
Comment, pris de nĂ©vrose, ils ont laissĂ© l’essentiel pour le petitement revanchard puis se retrouvent aujourd’hui en difficultĂ© ?
Voulant Ă tout prix mettre Ă genoux l’Etat bourguibien, Ennahdha l’a noyautĂ©, y introduisant plus d’une centaine de milliers de fonctionnaires qui dĂ©stabilisent le budget du service public.
Pire, Ennahdha a fait payer un tribut Ă l’Etat tunisien, comme si ce parti avait gagnĂ© une guerre contre un ennemi Ă©tranger.
Depuis que ce parti islamiste s’est emparĂ© des commandes, l’essentiel de nos ressources est allĂ© compenser ses affidĂ©s.
En effet, par une politique de compensations démesurées, les militants proches et lointains de ce parti ont été généreusement dotés de sommes parfois faramineuses.
La mĂŞme dĂ©marche a Ă©tĂ© adoptĂ©e pour les caisses sociales gravement dĂ©stabilisĂ©es par un afflux massif de bĂ©nĂ©ficiaires n’ayant jamais cotisĂ© et se retrouvant largement compensĂ©s.
Tous ces assauts contre les assises de notre administration ont fini par générer une quasi-catastrophe, pour le moment évitée de justesse.
MĂ©caniquement et iniquement, Ennahdha a mis Ă genoux les finances tunisiennes en agissant hors de toute logique, en inversant les prioritĂ©s pour rassasier ses proches. PlutĂ´t que de prendre le taureau par les cornes pour apporter le dĂ©veloppement aux rĂ©gions dĂ©favorisĂ©es et de l’emploi aux jeunes, Ennahdha a profitĂ© de son passage au pouvoir pour compenser ses militants et enfoncer l’Etat.
OĂą sont les potentiels commis de l’Etat dans les rangs du parti islamiste ? Pourquoi avoir suscitĂ© cet effet boomerang sur les finances publiques ?
La rĂ©ponse Ă cette dernière question est cruciale. En effet, les thĂ©oriciens du mouvement islamiste oeuvrent pour l’effondrement de l’Etat de Bourguiba pour des motifs idĂ©ologiques.
Ces mĂŞmes stratèges considèrent que toutes les ruses sont bonnes pour parvenir aux fins idĂ©ologiques d’un pouvoir islamiste. Mentir, dissimuler, se prĂ©senter comme modĂ©rĂ©, professer le contraire de ce qu’on croit voire recourir Ă la menace: tout est bon pour arriver au but ultime.
Fruit de compromis, la Constitution de 2014 ne suffit pas Ă leur dessein. Ne s’attendant pas au sursaut rĂ©publicain qui les avait renvoyĂ© (provisoirement) dans l’opposition, les islamistes cherchent toujours le meilleur moyen pour saper notre modernitĂ©.
Plus grave, ils sont devenus des vecteurs de dĂ©pendance pour notre Ă©conomie nationale qu’ils souhaitent brader au plus offrant.
Que diriez-vous d’une banque publique tunisienne qui se retrouverait dans le giron turc ou d’une compagnie aĂ©rienne nationale qui se retrouverait sous pavillon qatari ?
Ceci n’est qu’une boutade mais nul ne sait ce qu’il adviendrait de nos entreprises publiques si elles Ă©taient cĂ©dĂ©es ou ouvertes Ă des capitaux Ă©trangers.
La situation serait d’autant plus grave que le TrĂ©sor tunisien est Ă la peine. Ainsi, la prudence et le dĂ©bat dĂ©mocratique sont nĂ©cessaires avant d’ouvrir ces boĂ®tes de Pandore qui, Ă leur tour, risquent d’emporter ce qu’Ennahdha n’a pas dĂ©truit en huit ans au pouvoir.
Toutefois, ces dĂ©bats essentiels sur l’idĂ©ologie et le pouvoir, l’Ă©conomie et l’Etat ou le bilan islamiste de ces huit dernières annĂ©es sont toujours Ă©ludĂ©s, reportĂ©s, esquivĂ©s.
Jusqu’Ă quand ?

