Il y a un an, jour pour jour, un malaise en mer emportait brutalement Alain Nadaud, un grand Ă©crivain français qui avait choisi la Tunisie, pour s’y fixer aux cĂ´tĂ©s de sa compagne Sadika, entre grand bleu et forĂŞts de Gammarth.
Artiste, fou de mots et ivre de littĂ©rature, Alain Nadaud repose aujourd’hui au petit cimetière de Gammarth, trace Ĺ“cumĂ©nique et symbole de fraternitĂ© dans cet univers tombal oĂą l’Ă©ternitĂ© est repassĂ©e Ă la chaux…
Une dizaine d’amis autour d’une sĂ©pulture
Devant sa sĂ©pulture, nous Ă©tions quelques-uns Ă nous recueillir, auprès de Sadika, sa veuve qui, après de nombreux tâtonnements et balbutiements, est parvenue Ă crĂ©er la pierre tombale qui porte le nom d’Alain Nadaud et une Ă©pitaphe invisible que caressent les reflets du soleil.
Cette pierre tombale, nous l’avons posĂ©e ensemble, avec plusieurs amis de toutes confessions, dans un moment de paix et de souvenir. Loin des yeux et près des cĹ“urs…
Alain Nadaud venait d’ĂŞtre honorĂ© par la Bibliothèque nationale de Tunisie et sa mĂ©moire saluĂ©e par plusieurs intellectuels et amis. Chacun avait dit sa dette, envers l’homme, l’Ă©crivain ou le gentleman Ă©pris de tout et versĂ© dans le partage.
Les valeurs cardinales de l’efficacitĂ© et de la persĂ©vĂ©rance
Pour ma part, Alain Nadaud restera insĂ©parable de la fin des annĂ©es1990 lorsque, lui Ă la tĂŞte du Bureau du livre de l’Institut français et moi aux commandes de La Presse littĂ©raire, nous avions un peu refait le monde. Discrètement, sobrement, sans envolĂ©es spectaculaires mais avec un culte partagĂ© pour l’efficacitĂ©.
De cette époque, je garde encore le souvenir de nos pérégrinations dans la médina de Tunis avec Robert Solé chez les chaouachis, Nedim Gursel à la nécropole des beys ou Renaud Camus dans les méandres des souks.
Les muses dans l’humus
Comme beaucoup l’ont soulignĂ©, Alain Nadaud aimait la simplicitĂ© et les valeurs bien terriennes. Et c’est ce qui faisait sa force et l’Ă©tendue de ses horizons, nĂ©s de la persĂ©vĂ©rance Ă la tâche et de l’amour du travail bien fait.
C’est un ami vĂ©ritable que je perdais il y a maintenant un an. Je ne l’oublie pas, personne ne l’a oubliĂ© ni ne l’oubliera.
Comme l’a bien dit Raja Ben Slama, en ce vendredi de recueillement, il est maintenant immanence, invisible mais rĂ©pandu en toute chose, un peu comme l’humus oĂą il repose auprès des muses…
H.B.
