Depuis la Révolution tunisienne, nous avons connu des centaines d’initiatives dans le domaine des médias.
Beaucoup de jeunes courageux, engagés et déterminés ont lancé des pages sur les réseaux sociaux, des sites d’information ou des magazines en ligne.
Simultanément, beaucoup d’officines aussi louches que peu spontanées, ont envahi la Toile, distillant les rumeurs et les anathèmes.
Dans ce tumulte, le main stream de l’info continuait à installer une culture de masses, une nouvelle culture dominante censée représenter ce à quoi ressemblait la normalisation de la Révolution et sa confiscation par les courants islamistes.
De rares initiatives, trop souvent éphémères, parvenaient à survivre dans les interstices et poursuivaient des combats pour la liberté d’expression dans l’originalité.
Travaillant au plus près de leurs lecteurs, auditeurs ou spectateurs, ces initiatives tentent ainsi d’exprimer la Tunisie d’en bas, celle qui ne dispose pas de porte-voix.
De même, la promotion des cultures alternatives, la prise de conscience écologique, l’expression des malaises de la jeunesse sont au coeur des projets éditoriaux de ces médias alternatifs.
Roots TV en fait partie et, dans une évidente pénurie de moyens, défend une ligne qui lui vaut le respect têtu de ses spectateurs.
Cette libre antenne repose sur le savoir-faire et la ténacité d’un homme et de ses compagnons de route.
A l’origine de ce projet qu’il définit comme le coeur battant de la Tunisie, Slim Kacem tente justement de capter et partager le rythme cardiaque de notre pays, chacun de ses battements de coeur.
Et, c’est connu, le coeur a ses raisons que la raison ignore. Dès lors, Roots TV est une télévision du coeur, un écran sauvage qui exprime le regards d’un activiste et ses combats.
Projet de taille humaine car au fond porté par le courage d’un seul homme, Roots TV vient de réaliser son centième reportage et boucle ainsi une balise importante.
Ce dernier reportage est consacré à la pollution dans le golfe de Gabès. Il met le spectateur face à la situation écologique catastrophique de toute une région.
Filmé dans la « zone interdite »; intitulé « Silence, on tue », ce document explosif a été diffusé pour la première fois le 18 janvier à 20h sur Roots TV.
Ce reportage révèle l’étendue de la contamination de l’air et de la mer dans la zone de Chatt Essalam à Gabès.
Cruelle de vérité, cette plongée dans les enfers de la pollution souligne la fibre écologique et la dimension alternative de Roots TV.
Elle confirme aussi le travail de fond de Slim Kacem, sa justesse et son efficacité malgré les simples moyens du bord.
Bonne continuation à cette équipe qui honore tout travail médiatique indépendant et investit là où les autres ont tendance à se cacher ou se défiler.
C’est en effet sur Roots TV que les arts, la musique, la culture, la protection de l’environnement et la promotion des droits de l’homme sont des combats au quotidien, la ligne éditoriale et le sens d’une vie d’un homme dévoué aux justes causes et au devoir de beauté.
Slim Kacem mérite pour ce parcours mille bravos, autant de médailles et surtout la reconnaissance de ses pairs et celle de tous ceux qui trouvent du grain à moudre grâce aux reportages et entretiens diffusés par Roots TV.
Rendez-vous pour la millième et que fleurissent mille projets alternatifs sur les ondes et écrans de Tunisie.