L’équation qui met en échec la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est d’une simplicité élémentaire. Et se pencher sur cette véritable tare donne des frissons à l’aube d’une période d’austérité qui devrait succéder à une crise ouverte depuis cinq ans.
4000 actifs sur 18000 salariés !
La CPG emploie 18.000 personnes. Seuls 8000 de ces travailleurs seraient véritablement actifs, selon des chiffres avancés par le spécialiste économique Ridha Lahmar qui soutient que parmi ces derniers, seuls 4000 employés seraient véritablement productifs.
Chiffres alarmants qui, non seulement soulignent l’étendue du malaise mais confirment le caractère de bombe à retardement de la CPG.
En cas de plan social, dans cette entreprise nationale, près de 14.000 salariés pourraient se retrouver sur le carreau, générant une situation explosive dans le bassin minier et ailleurs.
C’est dire la complexité du cas CPG qui devrait constituer l’un des grands dossiers des années prochaines.
Bombe à retardement et effet domino
Plus complexe encore, c’est la compagnie elle-même qui pourrait se retrouver sur le carreau si rien n’est fait dans les prochains mois.
En effet, selon le même analyste, la CPG ne tient encore debout que grâce aux garanties apportées par les pouvoirs publics alors que le budget de l’Etat s’enfonce actuellement dans la spirale du déficit.
On évoque une projection de 8 milliards de dinars de déficit pour l’année 2017 alors que le budget 2016 devrait être clôturé sur un déficit de 6.5 milliards de dinars.
De Gafsa, la crise s’étendrait à Sfax et Gabès
En grand danger de banqueroute, la CPG pèse insoutenablement et pourrait, selon un scénario-catastrophe, être lâchée par l’Etat tunisien si la situation actuelle perdurait.
Comme dans un effet domino, l’effondrement de la CPG devrait entrainer celui de la totalité de la chaine de transformation des phosphates. En ce sens, la CPG ferait sombrer la totalité du Groupe chimique, actif dans les régions de Gabès et Sfax.
C’est dire l’importance fondamentale de la maitrise de cette situation qui paralyse la production dans le bassin minier.
Sur fond d’agitation sociale permanente, la situation ne semble pas près de se décanter. Quelques chiffres soulignent combien il sera difficile pour la CPG de se relever.
La transition tunisienne mise en échec
En 2016, la production a atteint 2.5 millions de tonnes alors que les prévisions tablaient sur une production de 6 millions de tonnes. Tout aussi révélateur de cette crise qui s’éternise, en 2010, la production était de 8 millions de tonnes.
Ce dossier du bassin minier mériterait un traitement prioritaire, équitable et rationnel. Toutefois englué dans les urgences de toutes sortes qui l’interpellent, le gouvernement semble délaisser ce dossier explosif qui pourrait en cas de complications emporter la transition tunisienne ainsi que l’ensemble de l’expérience démocratique née après janvier 2011.
Dérisoires taxes sur les piscines alors que les solutions sont ailleurs
La vigilance et l’anticipation sont de mise pour ce dossier prioritaire et hautement sensible car il se trouve au cœur de ce qui reste du complexe industriel tunisien hors de la capitale.
Ne l’oublions pas, bon an, mal an, le secteur phosphatier participait à hauteur de 10% au budget désormais chancelant de l’Etat tunisien. Cela semble désormais bien loin avec un Etat aux abois financiers et qui en est réduit à dérisoirement taxer les piscines dans un spectaculaire aveu d’impuissance à maîtriser les véritables crises.
H.B.