La mémoire des Maltais de Tunisie reste encore à écrire et de nombreuses pages de cette longue histoire restent à découvrir. On pourrait envisager cette histoire sous divers angles dont celui de la librairie.
En effet, trois des plus grands libraires qu’a connu Tunis, sont d’origine maltaise. Jusqu’aux années soixante-dix, leurs librairies étaient parmi les plus connues mais elles seront ensuite rachetées par les Ben Abdallah et les Bouslama.
Il s’agit des librairies Saliba fondées par les frères Jules et Edouard Saliba, des librairies Bonici créées dès 1890 par Joseph Clément Bonici et également de la librairie Louis Namura reprise par Ali Bouslama.
Sur l’avenue de France, au numéro 15, se trouve une petite librairie qui, depuis de longues années, porte le nom de Ali Bouslama.
Cette librairie se trouve au coin de la rue de l’Ancienne poste, qui soit dit en passant menait aux locaux postaux qui y avaient été installés avant la construction de l’Hôtel de la Poste, rue Charles de Gaulle.
Sur cette avenue de France, il existait de nombreuses librairies qui ont commencé à fermer leurs portes au début des années 1970.
Citons pour mémoire la librairie Tournier et la librairie Sakati qui se trouvaient sous les Arcades.
Citons aussi la librairie Ennajah de Hédi Abdelghani, la librairie Saliba et le papetier Japy qui a longtemps eu son enseigne sur cette avenue.
Quant à la librairie Bouslama, elle a une longue histoire commencée en 1878 lorsque Emmanuel D’Amico, un Italien de souche, la fonda en ces lieux.
La librairie allait au long de son histoire changer plusieurs fois de main et sera la propriété de deux associés Fortin et Nierat qui la cédèrent au duo Namura et Bonici. La librairie deviendra ensuite la propriété exclusive de Louis Namura et portera son nom.
Né en 1878, décédé en 1932 Namura léguera la librairie à sa veuve. Ce Maltais naturalisé Français aura travaillé toute sa vie dans le monde des livres puisqu’il fut apprenti dans cette librairie dès son plus jeune âge.
Quant à Jean-Claude Bonici, son associé, il est lui aussi d’origine maltaise. Lorsque le contrat de société qui le liait à Namura fut dissous, il resta dans le domaine de la librairie et tiendra boutique à la rue Amilcar et aussi à l’actuelle rue Mokhtar Attia.
Les deux librairies Bonici seront d’ailleurs elles aussi cédées à Ali Bouslama. La première, au 7 rue Amilcar, a abrité une imprimerie et reste visible. La seconde, rue Mokhtar Attia, a été transformée il y a peu en magasin de confection.
Quant aux librairies Saliba, elles sont fermées depuis longtemps. Celle qui se trouvait rue Charles de Gaulle a disparu la première puis ce fut le tour de celle de l’avenue de France qui était considérée comme la plus grande librairie de Tunis.