Deuxième paroisse catholique de Tunis, l’église Jeanne d’Arc est également connue pour son école qui continue à accueillir des élèves depuis 1932.
Ce sont aujourd’hui des sœurs égyptiennes, notamment sœur Thérèse et sœur Alice, qui dirigent l’école Jeanne d’Arc, au Belvédère.
Édifié par la paroisse voisine, cet établissement scolaire relève toujours du réseau de l’Archevêché de Tunis alors que son origine remonte en 1932 à une initiative de l’abbé Deschanet.
Dès ses débuts, cette école avait été confiée aux sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition qui d’ailleurs ouvriront à proximité, en 1936, l’Institut Émilie de Vialar, une autre école catholique devenue aujourd’hui la Fondation Bouaddelli.
L’histoire de l’école Jeanne d’Arc est pour sa part, inséparable de l’église voisine et des familles italiennes qui étaient nombreuses dans les quartiers environnants. Un regard mérite d’être posé sur la vie de cette église qui va sur ses 113 années d’existence.
C’est en juin 1911 qu’ont été entamés les travaux de construction de l’église Jeanne d’Arc, la toute première en Tunisie et en Afrique à avoir cette sainte pour protectrice.
C’est à l’abbé Garcin qui fut auparavant le curé de Gaafour, non loin de Siliana, que revint la charge de construire cette église. Cette initiative fut prise durant l’épiscopat de Monseigneur Clément Combes et selon les souhaits de cet archevêque qui fut le successeur du cardinal Lavigerie.
Avant le premier coup de pioche en juin 1911, il fallut trouver un terrain qui sera acquis au Belvédère, face au square qui existe encore de nos jours. Ce fut ensuite au tour de l’architecte Queyrel de tracer les plans de la future église. Les donateurs seront nombreux afin que l’église naisse rapidement.
Avec un grand courage et une foi inébranlable en sa mission, l’abbé Garcin mobilisera les sommes nécessaires en Tunisie, en France et au Canada.
Le 3 octobre 1911 sera bénie la première pierre de la nouvelle église. Pour souligner la continuité de la foi et comme le veut une coutume bien ancrée, cette pierre venait d’une église antique, celle de Damouss el Karita qui se trouvait à Carthage.
Les choses iront ensuite très vite. L’église sera construite rapidement et le 1er novembre 1912, elle recevra sa bénédiction. Puis, la statue de sa sainte patronne fut installée en janvier 1913 et bénie à son tour.
Enfin, le grand autel sera béni en mars 1914 alors que la nouvelle paroisse comptait déjà près de trois-mille fidèles. L’abbé Roussel succèdera à l’abbé Garcin en 1923 et à cette époque, on commencera à fêter Jeanne d’Arc qui est par ailleurs la protectrice de toute la France.
Une procession sera organisée à partir de 1927 et se déroulera dans le jardin faisant face à l’église. Au fil des ans, on organisa aussi une procession pour la Fête-Dieu qui allait jusqu’à la place Pasteur.
Les abbés se succédèrent laissant chacun une trace singulière. Ainsi, l’abbé Roussel se porta acquéreur d’un terrain voisin pour y construire une école. Cette école ne fut effectivement construite qu’en 1932 et dirigée par les soeurs de Saint Joseph de l’Apparition jusqu’à une date récente.
L’abbé Frère puis l’abbé Deschanet seront les curés successifs de cette église qui, depuis le Modus Vivendi, est la deuxième paroisse de Tunis.
Aujourd’hui, des messes se déroulent au quotidien en l’église Jeanne d’Arc et on y célèbre baptêmes, communions, mariages et funérailles.
Pour y avoir souvent assisté à des célébrations de familles proches et amies, j’ai ressenti aussi bien la peine devant les cercueils quittant le parvis de l’église que la joie des jeunes mariés qu’on photographie à l’entrée de l’église et dans le jardin si bucolique qui lui fait face.
Comme on dit, c’est la vie ou plus précisément la mosaïque de nos vies qui défilent au seuil d’une église qui aura bientôt 114 ans.