Trois jours de deuil national ne suffiront ni à sécher nos larmes, ni à digérer la tragédie qui se noue sur notre terre pacifique. Trois jours de deuil, c’est suffisant pour l’Etat mais pour le peuple tunisien dans son immense majorité, le deuil devrait se poursuivre jusqu’au départ de la Troika qui a ouvert, par ses manigances, ses silences et ses connivences, un boulevard devant le terrorisme.
Inspirée par Al Qaida, financée par des réseaux internationaux, cette vague de terreur qui s’abat sur nous a déjà fait trop de victimes. Ce n’est que maintenant que le péril est bien installé que l’Etat daigne réagir avec fermeté.
Comme beaucoup de Tunisiens, je pense et ressens confusément que les ultras d’Ennahdha se sont donné pour objectif d’installer le ver dans le fruit et faire entrer le loup dans la bergerie. Maintenant que c’est chose faite, le parti islamiste peut changer de discours, condamner le terrorisme et feindre de pleurer nos morts.
Pourtant, les leaders d’Al Qaida avaient envoyé un message en clair à leurs réseaux dormants en Tunisie pour qu’ils fassent capoter le dialogue national (voir notre article Al Qaida s’invite au dialogue national). Grâce à la vigilance des forces de sécurité, des attentats ont certainement pu être évités. Mais nous déplorons déjà des pertes dans nos rangs. Et nous devons redoubler de vigilance, surtout à l’approche de Ras el Am el Hejri, sachant que les fous d’un Dieu qui n’est pas le notre, cherchent toujours à frapper en ces moments.
Fait révélateur : aucun représentant de la Troika n’a cherché à se présenter aux obsèques de nos martyrs. Ils ont certainement compris que ce sont les martyrs du peuple et que ce peuple agressé qu’ils ont défendu jusqu’à la mort leur rendra les honneurs.
De plus, ils n’ont certainement pas oublié leur déconvenue d’El Aouina et leur fuite devant les huées. Ils pourront bien punir les « coupables », les trainer devant des conseils de discipline et des tribunaux. Mais ce faisant, ils ne feront que raviver la douleur d’un peuple et le ressentiment à leur égard.
Bien plus que trois jours de deuil, je crois que pour beaucoup de Tunisiens, le deuil véritable se poursuivra jusqu’au départ de cette Troika. Le deuil est une forme de résistance active et passive à la fois. Il est une forme de résistance à l’agression et à la duplicité qui nous taraudent. Il est le sens à donner à la chute de nos martyrs dont nous devons porter le deuil jusqu’à ce que leur sacrifice ait abouti à un résultat.
Endeuillés, luttons de toutes nos forces contre le terrorisme et retrouvons les chemins qui ménent à un gouvernement vertueux. Cette parenthèse de malheur commence après les éléctions d’octobre 2011 doit connaitre un terme, avant que nous nous retrouvions dans le gouffre.
Les incapables et les hypocrites doivent partir car, sous ce qu’ils ont perçu comme étant leur règne, la Tunisie n’a que trop souffert.
Il est temps d’assumer cette souffrance, de porter le deuil jusqu’au départ de ceux qui feignent de croire en la Tunisie mais qui sont les complices de l’agenda des frères musulmans. Trois jours de deuil ne suffiront jamais.
Je décrète, simple individu et citoyen définitif, le deuil national jusqu’au départ de cette Troika coupable. Tout en disant à la nation véritable, c’est à dire le peuple dans sa permanence, qu’il est aussi une sentence de Ho Chi Minh qu’il ne s’agit pas d’oublier : « Un peuple qui ne sait pas chanter et danser ne sait pas lutter ».
Dès lors, portons le deuil et luttons, portons le deuil et soyons vigilants, portons le deuil et remettons notre pays sur les rails de sa révolution pour la justice sociale, sa révolution souillée par une Troika aussi arrogante que mal élue.