Lorsque nous évoquons les nuits de Tunis, ce sont surtout celles du Ramadan et celles de l’été, qui nous viennent à l’esprit.
Presque rien de la mémoire des cabarets et des night-clubs de la capitale et de ses banlieues ne remonte. De fait, cette histoire de la nuit reste à écrire et quelques artistes le font.
On peut penser au mythique « Kesswa » de Kalthoum Bornaz ou encore à « Satin rouge » de Raja Amari, deux films qui traversent la nuit tunisoise.
Plus récemment, le chorégraphe Selim Ben Safia vient de créer une œuvre intitulée « El Botinière » dont le titre se réfère au nom d’un cabaret de la capitale.
La Potinière est un établissement qui existe toujours et se trouve à la rue de Hollande, non loin de la gare. Ce club fait partie d’une chaîne de lieux nocturnes qui se trouvent au centre-ville. Certains font partie de l’histoire comme le Tabarin ou l’Ermitage. D’autres ont disparu récemment et quelques uns existent encore.
Les nuits de Tunis quand la ville dansait ou s’encanaillait, se vivaient du côté de la rue Thiers. Dans le temps, les cabarets se concentraient en effet sur ce qui est devenu l’actuelle rue Ibn Khaldoun. C’était au début des années trente lorsque les boîtes à la mode portaient des noms comme le Lido, le Grand Écart ou le Shéhérazade.
A cette époque, le Casino de Tunis et aussi tous les autres (au Belvédère, Hammam-Lif, la Goulette et Gammarth) présentaient également des revues souvent animées par des danseuses venues de France.
Plus tard, beaucoup d’autres cabarets verront le jour au centre-ville. Certains à l’image du « Monseigneur » existent encore. Cet établissement qui se trouve rue de Marseille portait un nom mystérieux qui était l’Ermitage et ouvrait aussi sur l’avenue Bourguiba par une porte aujourd’hui disparue.
Si le Crazy Horse Saloon existe encore au Colisée, ce n’est plus le cas de plusieurs autres temples de la nuit comme la Forestière, les Champs-Élysées, le Jockey ou le Tunis-Club.
La Forestière est un cabaret qui se trouvait à la rue du 18 janvier, non loin de l’Africa, avec un restaurant qui le jouxtait et portait le même nom.
Les Champs-Élysées est un cabaret qui se trouvait au-dessus du cinéma qui portait le même nom. Les deux enseignes sont sur l’avenue Bourguiba et restent fermées depuis plusieurs années.
Le Tunis-Club se trouvait sur la même avenue, au-dessus du café qui portait le même nom, au coin de l’avenue de Paris. Quant au Jockey, c’était le nom du dancing de l’hôtel International et on y entrait par la rue Ali Bach Hamba.
Notre énumération n’est pas exhaustive et pourrait chercher plus loin et évoquer la boîte des années vingt qui portait le nom « Au concert du chat noir », avec un certain Jo Galano pour animateur.
De quoi souligner davantage que l’histoire de la nuit et des cabarets reste à écrire et recèle assurément bien des surprises.