Ecrivain français mais également médecin réputé, Georges Duhamel a connu la Tunisie des années vingt et y a situé le déroulement de certains de ses romans.
Il dĂ©crit dans cet extrait la Rue des Maltais, dans le premier quart du vingtième siècle, avec des mots choisis. Suivons-le dans cette pĂ©rĂ©grination des plus colorĂ©es. Incroyable comme cette description peut correspondre Ă certaines de nos rues en 2017…
Il Ă©crit Ă propos de cette rue qui dĂ©sormais se nomme rue Mongi Slim : « Elle est mal pavĂ©e, modĂ©rĂ©ment large. Un tramway occupe le meilleur de la chaussĂ©e. Les automobilistes, les arabatiers, les âniers, les charroyeurs, pillent le reste de l’espace, et cela ne va pas sans cris et sans injures. Une foule coassante se dispute les trottoirs Ă©troits: la confuse cohue qui peuple les ports de la mer intĂ©rieure.
La vie europĂ©enne et la vie indigène s’affrontent lĂ , dans le tumulte. Les Ă©piciers djerbiens font fièrement vis-Ă -vis avec les drapiers juifs, et les marchands de beignets aux apothicaires.
Les traiteurs exposent en face des modistes aux enseignes ambitieuses, leur brochettes de foie grillĂ© et des montagnes de confiseries ruisselantes d’huile ».
On se croirait dans la mĂŞme ville, Ă cheval sur les siècles et dans une dialectique permanente entre civilisations…
