La vie municipale n’est pas un long fleuve tranquille et nos mairies sont Ă la fois en train de trouver leurs nouvelles marques et dĂ©limiter leurs territoires.
Comme depuis quelques annĂ©es, le scabreux et le futile l’emportent de loin sur le vertueux et l’utile.
Evidemment, les mĂ©dias y sont pour beaucoup depuis qu’ils s’intĂ©ressent prioritairement aux trains qui n’arrivent pas Ă l’heure.
Scrutant Ă la loupe, le comportement des Ă©diles, dĂ©busquant les Ă©carts les plus flagrants, mĂ©dias et sociĂ©tĂ© civile contribuent Ă leur manière dans ce modelage de l’avenir municipal.
Si parfois l’actualitĂ© prĂŞte Ă sourire comme lorsque la maire de Tunis exige d’ĂŞtre parĂ©e de la dignitĂ© de secrĂ©taire d’Etat, la colère est au rendez-vous lorsque le maire de Sfax prĂ©tend s’offrir une berline grand luxe pour mieux se pavaner.
Pire, c’est de consternation qu’il s’agit lorsqu’on est confrontĂ© au populisme imbĂ©cile du maire de Mhamdia et aux coupables destructions de tronçons des aqueducs antiques. MĂŞme sentiment lorsque, comme Ă Ghar el Melh, l’ignorance des Ă©diles fait des dĂ©gâts irrĂ©versibles après la dĂ©molition d’un arc historique.
Heureusement, dans cette dĂ©solation assumĂ©e par des poujadistes triomphants, des motifs de satisfaction sont aussi au rendez-vous, avec des maires qui donnent l’exemple.
Citons dans cet esprit les saines Ă©mulations induites par Fadhel Moussa, maire de l’Ariana, et Slim Maherzi, maire de la Marsa.
Le premier a fait le geste remarquable de reverser ses salaires de maire au profit de la ville, créant une « jurisprudence » inédite sous nos cieux où tout le monde se nourrit sur la bête.
Le second est engagĂ© dans un bras de fer avec le gouverneur de Tunis qui a cassĂ© une dĂ©cision du conseil municipal de mise sous scellĂ©s d’un immeuble construit illĂ©galement.
Ces deux maires soulignent comment une nouvelle attitude est en train de voir le jour dans nos villes.
Ils donnent l’exemple, sont Ă©galement au plus près des citoyens et pleinement engagĂ©s sur le terrain.
Les attitudes de Fadhel Moussa et Slim Maherzi sont à saluer car elles remettent la notion de responsabilité au centre du débat.
Ces nouveaux maires sont hautement responsables et parviennent par leurs gestes Ă rendre au politique ses lettres de noblesse.
Dans un pays oĂą les politiciens ne rĂŞvent qu’argent, dans un pays oĂą les partis se couchent devant la corruption qui nous gangrène, Maherzi et Moussa Ă©tablissent un contre-exemple Ă©loquent.
En cela, ils sont tous les deux profondĂ©ment rĂ©volutionnaires et suscitent l’espoir de voir la Tunisie nouvelle retrouver les rails qu’elle n’aurait jamais du quitter.

