A Bab Djedid, non loin de la porte historique, le plus petit des mausolées de saintes reçoit chaque jour des centaines de visiteurs.
Minuscule, le sanctuaire se résume à deux petites salles. Dans la première, la curatrice des lieux officie et reçoit les visiteurs, pour la plupart de sexe féminin. Dans la seconde salle se trouve la tombe de Lella Arbia réputée intercéder en faveur des femmes en mal de grossesse ou des malades en quête de guérison.
Baignant dans une lumière discrète, le catafalque de la sainte reçoit les vœux des visiteuses et se trouve paré de de fleurs, coussins et bougies.
Lieu secret du faubourg sud, le mausolée de Lella Arbia se trouve non loin de l’oratoire dans lequel Sidi Mahrez priait tout en veillant sur le flanc ouest de la ville.
En faisant quelques pas dans ce lieu de mémoire aux céramiques éclatantes mais discrètes, c’est toute l’histoire d’une ville qui revient à la surface.
Ce sont aussi les figures de tous les saints qui ont fait l’histoire de ce quartier qui s’imposent. Car dans ce Tunis de tous les saints, Sidi Mansour Ben Jardan, Sidi Kacem Sebabti, Sidi Abdelhaq, Sidi Ayed, Sidi Braham, Sidi Boumediene et Sidi Essourdou cohabitent avec les images vénérées de Sayda Manoubia, Sayda Tebourbia et, bien entendu, Lella Arbia…
Réminiscences du soufisme et des « tariqas » qui tentaient nos ancêtres, ces zaouias de toujours, profanées par l’immonde salafisme mercenaire, demeurent des repères inébranlables, revêtus du manteau des saints et de leur vertu impalpable mais bien réelle.
Car, comme le dit si bien l’historien Abdessatar Ammamou, la protection des saints est le rempart virtuel de la Tunisie…