Grande émotion hier lorsque l’ancien palais beylical de Carthage, devenu depuis 1983 le siège de l’Académie tunisienne, a connu une drôle de restauration.
En effet, sans l’aval de l’Institut national du patrimoine, les responsables de l’Académie ont ordonné des travaux qui ont commencé par la destruction du fronton de l’édifice.
Devant le tollé général et le caractère scandaleux des dégradations, la direction de l’Académie a reconnu une « erreur » et une injonction de l’Institut du patrimoine a ordonné l’arrêt immédiat des travaux.
L’ancien beylical est en effet un monument classé qui plus est revêtant un caractère historique évident.
Pire, l’Académie – sans le vouloir? – détruisait le fronton du palais orné des armoiries de la dynastie husseinite une veille de 20 mars, fête de l’Indépendance.
Heureusement, cette symbolique grossière ne semble pas de mise même si cette « erreur » monumentale, endossée par nos honorables académiciens a de quoi laisser pantois.
Le ministère des Affaires culturelles a par ailleurs immédiatement réagi en mobilisant les équipes compétentes pour constater cette bourde et y remédier dans la mesure du possible.
Entre temps, la photo d’un maçon en haut d’un échafaudage, armé d’un pic et démolissant le fronton, a littéralement fait le tour du pays.
C’est que le palais Ahmed Zarrouk est un monument historique qui fait pleinement partie de l’histoire de la Tunisie.
Lamine Bey, dernier souverain husseinite, en a fait son palais royal en 1943 et ne le quittera manu militari – qu’à l’avènement de la
République. Ce qui fait de cette vaste demeure bâtie par Ahmed Zarrouk en 1860, le dernier palais husseinite et celui du bey des premiers jours de l’Indépendance tunisienne.
Confisqué par l’Etat, ce palais de Carthage a connu diverses affectations depuis les années cinquante.
Il a en effet abrité pour un temps le siège de l’Office de l’artisanat puis celui de l’ancêtre de l’Institut actuel du patrimoine.
A une époque, cet ancien palais a même abrité une boîte à la mode dont le nom était le Zéro de conduite.
Fermé durant quelques années, il sera ensuite dévolu, depuis 1983, à l’Académie tunisienne Beit El Hikma.
Nous vous proposons pour accompagner ce billet plusieurs vues anciennes de ce palais qui, bien malgré les défenseurs du patrimoine, fait l’actualité avec cette bévue inqualifiable qui n’a pas fini de faire couler de l’encre.