Il m’est arrivé à trois reprises au moins, de croiser des statues d’Hannibal, dans des pays étrangers. C’était à Carthagène en Espagne et aussi à Vienne et Varsovie.
Si le nom du général carthaginois est lié à la ville méditerranéenne de Carthagène, sa présence peut sembler étrange dans la capitale autrichienne ou celle de la Pologne.
Quelle ne fut ma surprise de me retrouver nez à nez avec Hannibal à Varsovie ! J’arpentais les salles du musée du palais royal lorsqu’une sculpture accrocha mon regard. Était-ce le stratège carthaginois ? Je me rapprochai et me rendis compte que c’était bien le cas. Hannibal de pied en cap dans le palais royal de Varsovie !
Bustes d’Hannibal à travers le monde
Évidemment je me demandais pourquoi et ne tardai pas à découvrir une réponse possible. De fait, cette statuette de Hannibal n’était pas seule. Distribuées dans la salle, trois autres statuettes se trouvaient aux autres points cardinaux et représentaient Scipion, César et Pompée.
Ces portraits semblaient évoquer les Guerres puniques et les campagnes de Jules César. Une sorte de reconnaissance au génie militaire des vainqueurs et des vaincus. De la sorte, c’est le « fatum », le destin qui serait souligné ainsi que la postérité des gagnants mais aussi celle de ceux qui ont combattu et perdu.
Hannibal par Mourad Ben Brika (photo n°1)
Une autre explication est possible. Stanislas Auguste, le roi polonais aurait voulu avec ces symboles rendre hommage à quatre vertus dont la persévérance de Hannibal. En effet, ces quatre statuettes ont été commandées en Italie par ce roi de Pologne qui a régné au dix-huitième siècle.
Au-delà de la visite de ce musée dont les collections sont impressionnantes, cette rencontre impromptue avec Hannibal a constitué un clin d’œil à notre histoire au cœur de Varsovie.
L’une de mes rencontres viennoises était surprenante, inoubliable même. Il y a quelques années, je me suis retrouvé nez à nez avec Hannibal dans un des lieux les plus emblématiques de la monarchie austro-hongroise.
Hannibal aux Tuileries (Paris)
C’était dans les parcs du château de Schönbrunn à l’occasion d’un voyage d’études organisé par le ministère autrichien des Affaires étrangères. Comme c’était en 1993, je ne possédais même pas un appareil photo et il ne reste que peu de traces de ce séjour viennois.
Toutefois, l’image d’Hannibal statufié dans ce jardin impérial est restée incrustée dans ma mémoire.Elle se trouve dans le grand Parterre du parc parmi trente-deux statues similaires, allégories de grands personnages et de dieux de l’Antiquité.
Représenté en guerrier casqué portant son armure revêtue d’une fourrure de lion, Hannibal est restitué d’après un modèle antique. Réalisée par Wilhelm Beyer, la statue a été placée dans ce parc aménagé par Hohenberg au cœur du château de Schönbrunn.
J’ai parfois eu d’autres rencontres impromptues avec Hannibal comme au Musée national de Varsovie en Pologne, et elles ont toujours été motivantes au plus haut point. Pour l’anecdote, dans cette allée aux statues, on retrouve aussi celle de Fabius qui, au nom de Rome, avait combattu Hannibal qui, pour mémoire, est mort en Bythinie (en Turquie actuelle) à l’âge de 64 ans.
Sur la Toile, les rencontres virtuelles avec Hannibal statufié peuvent être nombreuses et permettent de constater que les bustes et statues de Hannibal sont disséminés à travers le monde. De Naples à Versailles, de Madrid à Saint-Petersourg et ailleurs, des dizaines de statues peuvent être comptées.
Les connaissons-nous et pourrions-nous les recenser ? Pour l’heure, en Tunisie, malgré plusieurs projets, il n’existe aucune statue de Hannibal dans l’espace public.
Ce n’est que récemment qu’un buste réalisé par Mourad Ben Brika, a fait son entrée dans le musée militaire de Manouba grâce à un don d’Abdelaziz Belkhodja, le plus grand défenseur d’Hannibal en Tunisie et dans le monde.
N’est-il pas temps de réparer cet oubli ? N’est-il pas également temps de donner le nom d’Hannibal à une grande avenue ?
Étrangement, à Tunis, une simple ruelle porte le nom d’Hannibal et se trouve coincée entre l’avenue de France et la rue Al Jazira. N’est-il pas temps de faire mieux pour l’un des Tunisiens les plus réputés de notre histoire ?