Doter la Tunisie d’un gouvernement d’unité nationale, c’est bien beau mais cela pourrait ne pas suffire.
En effet, cette union nationale est pour le moment simplement comprise comme une entente entre plusieurs partis politiques pour élargir la majorité au pouvoir en incluant les organisations syndicales des travailleurs, des patrons et des agriculteurs.C’est aussi d’unité populaire autour d’un projet dont nous avons besoin
Toutefois, cette union nationale mériterait aussi une assise populaire, une démarche d’unité populaire qui viendrait consolider cet acquis important qu’est un gouvernement d’union nationale. Il manque aujourd’hui un processus d’adhésion populaire aux stratégies politiciennes d’inclusion.
Plusieurs semaines après son intronisation, le nouveau gouvernement en est réduit à colmater les brèches et parer au plus urgent.
La nouvelle majorité – même élargie – demeure inaudible, comme en panne d’un dessein pour la Tunisie, un projet global et consensuel pour les Tunisiens.
Qui saura mobiliser la Tunisie autour d’un dessein de progrès ?
Et pourtant, ce dessein, il suffirait peut-être de l’exprimer ! Les Tunisiens attendent en vain les mots et les actes qui les galvaniseront, leur donneront un nouvel élan, fédéreront leurs énergies disparates voire opposées.
Ce dessein devrait constituer un horizon palpable et, pour le gouvernement d’union nationale, il ne suffira pas de replâtrer ou limiter la casse mais il faudra aussi mettre le cap sur le moyen terme et susciter un sursaut à la fois impératif et salutaire parmi les Tunisiens.
Sinon, ce bel édifice pourrait s’effriter tel un château de cartes ou perdre sa boussole comme un miroir aux alouettes.
Les experts peuvent tout savoir mais ne rien pouvoir
A force de privilégier la parole des experts, on en oublierait que ce sont les politiques qui sont censés mener la barque. A moins qu’ils ne se défaussent sur les experts sachant la situation amplement compromise et les réformes incontournables difficiles à mettre en œuvre…
De manière surprenante, la démocratie tunisienne semble subir un déficit du politique, un recours incantatoire aux experts, des excroissances politiciennes, un consensus mou qui anesthésie tout débat de fond et des urgences toujours reportées aux calendes grecques…
Comment, dès lors, sortir de l’impasse ?
H.B.