Parmi les rares photographie des quartiers réservés de Tunis, celles de Denise Bellon retiennent le regard.
Prises dans les alcôves de la rue Sidi Abdallah Gueche, ces photos sont celles de femmes tombées dans le monde de la prostitution.
Complices de la photographe, elles se mettent en scène avec pudeur et intelligence alors que Bellon pose sur elles un regard empreint de tendresse.
Cet ensemble date de 1947 et avait Ă©tĂ© publiĂ© par CĂ©rès Editions lors de la rĂ©trospective consacrĂ©e Ă Denise Bellon par l’Institut français.
Rares et prĂ©cieuses, ces photographies sont des tĂ©moignages bruts d’un temps rĂ©volu et, pour le regard du sĂ©miologue, elles fourmillent de mille dĂ©tails signifiants qui se cachent dans un costume, un tableau, un regard, une attitude ou une touffe de poils sous les aisselles.
Ces photographies qui ne sont en rien scabreuses sont Ă regarder attentivement car elles ont valeur de documents.
Elles nous mettent face Ă une galerie de personnages anonymes, des femmes publiques comme l’on dit si malheureusement.
Qui Ă©taient-elles ? D’oĂą venaient-elles ? Que sont-elles devenues ? Quelques visages et des histoires oubliĂ©es, occultĂ©es qui nous renvoient Ă la rĂ©alitĂ© des boxons de l’après-guerre dans un Tunis Ă©vanoui.

