C’est sous le signe de Victor Hugo que je voudrais placer la chronique de cette semaine. Ce sont quelques phrases, retrouvées au fil d’une lecture puis relues avec beaucoup d’attention. Car certaines paroles mettent nos sens en éveil et nous invitent à les savourer dans la profondeur. Voici les mots de Hugo que je voudrais partager :
« Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise. »
Tous ces mots tiennent en une seule phrase. Beauté de la langue française quand elle se déploie et se délie dans un seul souffle. À défaut de les avoir écrits, certains mots nous semblent couler de notre propre source. Comme si nous en étions les auteurs. C’est peut-être pour cela que certaines citations nous parlent et que nous les adoptons.
Il en est ainsi du florilège que je vous propose de découvrir. Des mots que chacun de nous aurait pu écrire et dans lesquels, immanquablement, nous nous retrouvons comme face à un miroir. Il sera question d’enfances, de rouge et de gris, de premières fois, de cœurs ardents et de réveils matinaux. Savourons donc ces pépites d’une infinie vérité et d’une tendresse si délicate.
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Commençons par cet éloge destiné à une mère qui sait faire la part des choses. « Ma mère était enseignante. Je me souviens d’elle le soir, après le dîner, penchée sur la même table où se trouvaient nos assiettes juste avant, corrigeant les devoirs de ses élèves.
Elle n’utilisait pas le stylo rouge pour souligner les erreurs, mais avec un pastel vert clair, comme les premières feuilles timides du printemps.
Un de ces soirs où je n’avais pas sommeil et que j’aimais être à côté d’elle en train de lire Mickey Mouse, je lui ai demandé pourquoi cette couleur au lieu du rouge que tous les autres professeurs utilisaient.
Elle répondit sans lever les yeux de ses feuilles :
C’est que dans les affaires des autres tu dois entrer sur la pointe des pieds. Surtout lorsque tu as la tâche de corriger leurs erreurs.
Le rouge est un cri, une accusation à laquelle on ne peut pas répondre qui dit « tu t’es trompé » avec le doigt pointé sur toi.
Le vert est doux, comme un semis en croissance et qui a besoin d’aide pour ce faire.
Le vert ne démolit pas, il soutient.
C’est vrai, c’est sur la pointe des pieds que nous devrions corriger les erreurs, y compris les nôtres ».
Poursuivons avec ces mots d’Éric Emmanuel Schmitt. » J’ai déjà eu plusieurs enfances. Et j’en aurais encore d’autres. Tout dépend de l’âge auquel j’en parlerai. On dit souvent que le présent n’existe qu’en fonction du passé.
Certes, mais le passé n’existe qu’en fonction du présent ! On fouille à partir d’un point de vue. Le regard qu’on lance sur le révolu reste le regard du moment, fait de soucis, de désirs, d’obsessions immédiates. Toute histoire est contemporaine. Même l’histoire de notre passé. Si l’enfant est le père de l’homme, l’homme demeure le père de l’enfant qu’il cherche dans ses souvenirs. »
Passons à Colette Fellous : « Revisiter nos premières fois, nos premiers étonnements, nos premières découvertes, nos premières peurs. Faire le tour de notre mémoire, comme on ferait le tour des plages, marcher pendant des heures infinies sur le même sable, laisser son pied se creuser au bord de l’eau, ne jamais oublier cette terre, laisser son empreinte avec celle de tous ceux qui ont été embarqués dans le même voyage, pour être en paix avec notre histoire »
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Nous serons nombreux à avoir l’impression d’avoir écrit ce texte de Gilles Legardinier. Lisons plutôt. « Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celle que j’adorais et celles que je détestais.
Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prête à tout donner et ceux qui peuvent aller crever. Ensuite on grandit. Entre le noir et le blanc, on découvre le gris. On rencontre ceux qui ne sont pas vraiment des amis mais que l’on aime quand même un peu et ceux que l’on prend pour des proches et qui n’arrêtent pas de vous planter des couteaux dans le dos ».
Monique Damel nous parle d’un récipient intérieur dans un texte qui ne peut que nous parler. « Beaucoup de personnes reprochent aux autres le manque d’amour dont ils sont victimes par rapport à la dose qu’ils souhaiteraient recevoir. Cette disparité est le reflet de ce que vous pensez.
Notre cœur est un récipient, il est l’unique source d’amour de nos pensées. Il ne suffit pas de choisir des pensées positives et aimantes pour que l’équilibre revienne.
Le vrai problème, c’est le contenu de ce récipient, à savoir les réserves de cœur que nous possédons à donner aux autres, réellement et inconditionnellement.
Le récipient cœur est relié à une provision infinie d’amour, il nous suffit de tourner nos pensées vers cette source pour être rempli d’amour. Amour de nous-mêmes, amour du monde, amour de la vie, de notre existence, ainsi, nous pouvons distribuer aux autres, sans attente de retour, qui malgré tout, par la loi de cause à effet, reviendra vers nous.
Laissons ce vaisseau divin intérieur remplir notre récipient cœur d’amour et laissons-le se déverser librement sur toute forme de pensée négative, pour les transformer et retrouver notre équilibre ».
Terminons ce chemin de mots avec ces phrases d’Édouard Baer. « Tous les matins, on a une mission. Trouver la gaieté au milieu des raisons de désespérer. La beauté au milieu des laideurs. La gentillesse au milieu des visages fermés. Les caresses au milieu des griffes.
La tendresse au milieu des gifles. L’ouverture au milieu des fermetures. Si vous acceptez cette mission, la journée sera magnifique. Si vous la refusez, allez vous recoucher tout de suite ! »
Pas question de ne pas cueillir le jour qui se présente. Dans la joie, le contentement et un inusable espoir.