Il existe à Tunis deux lieux qui témoignent encore des parcours quotidiens que Habib Bourguiba, alors avocat et militant néo-destourien, effectuait quotidiennement pour aller de sa demeure à son étude.
L’Ă©tude de Maitre Bourguiba
Ces deux lieux sont son Ă©tude d’avocat qui se trouve Ă Bab Souika et sa rĂ©sidence qui se trouvait Ă Ras Eddarb, non loin de la mosquĂ©e El Haoua.
Cette demeure sise au numéro 6 bis de la rue Jemaa el Haoua a depuis été transformée en musée et on peut toujours la visiter malgré la relative vétusté des lieux.
Ce petit musĂ©e prĂ©sente au public le mobilier dans lequel vivait modestement Bourguiba ainsi qu’une exposition documentaire qui se trouve Ă l’Ă©tage.
La modeste demeure du leader néo-destourien
C’est dans cette maison que Bourguiba avait Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© en janvier 1952. Pour la rejoindre, il faut remonter la rue Abdelwahab et dĂ©boucher sur l’ancienne Rahba, devenue aujourd’hui la place du Leader (Maaqual el zaim en langue arabe).
Ce quartier, je le traverse parfois en essayant de mettre mes pas dans ceux du jeune Bourguiba qui pouvait soit emprunter la rue du Fleuve pour rejoindre la rue Boukhris, soit revenir par la rue Abdelwahab vers la place El Morkadh puis aller vers la rue Boukhris.
Peut-ĂŞtre s’arrĂŞtait-il quelques instants au cafĂ© Ezzaraa ? Peut-ĂŞtre avait-il son coiffeur dans la rue de Souk Essaida Manoubia ? Peut-ĂŞtre, en remontant la rue El Marr songeait-il Ă la splendeur des Hafsides ?
L’humiliation d’une Kasbah occupĂ©e
Ce parcours de Bourguiba vers son étude passait nécessairement par la Kasbah. En effet, il devait déboucher de la rue El Marr sur le boulevard de Bab Menara et longer le fameux « darbouz » pour quelques instants avant de parvenir devant la caserne de la Kasbah.
Peut-ĂŞtre Ă ces moments ressentait-il l’injustice de l’occupation Ă©trangère et songeait-il dĂ©jĂ Ă dĂ©truire ce symbole martial ?
Ensuite, les pas du futur prĂ©sident devaient le mener de Bab Benat Ă Bab Souika, jusqu’Ă son Ă©tude.
Puis après une longue journĂ©e, le retour paisible vers sa demeure et, souvent, les rĂ©unions politiques, la semi-clandestinitĂ© et la montĂ©e du mouvement national…
Le chemin de Bourguiba
Ce chemin de Bourguiba dans la ville, je l’ai souvent arpentĂ© en rĂŞvant Ă ce Ă quoi devait rĂŞver le militant qui vivait alors sous la menace permanente d’une arrestation et avec le dĂ©sir de progrès pour un peuple sous la fĂ©rule coloniale.
Ce chemin traverse d’ailleurs mes quartiers de vie et j’ai fini par en connaitre la moindre Ă©choppe, le moindre cafĂ©, la plus petite venelle… Du palais de Justice aux cafĂ©s de Bab Djedid, de la mosquĂ©e El Hlaq Ă la mosquĂ©e El Haoua, du souk des Armes Ă l’ancienne Rahba: l’ombre de Bourguiba rĂ©gne sur ces quartiers…
Jughurta triomphant
Et, parfois, je me demande s’il n’empruntait pas discrĂ©tement la petite rue Bouchnaq pour ne serait-ce qu’apercevoir Wassila Ben Ammar qu’il admirait et dont la demeure familiale se trouve encore Ă la rue Boukhris entre les rĂ©sidences des Khairallah ou des Bach Hamba et la zaouia de Sidi Amor Fayache…
Sur les pas de Bourguiba, je continue Ă arpenter la ville, un 3 aoĂ»t, au petit matin, pour y retrouver des souvenirs, l’Ă©cho d’une voix et la vie simple de celui qui se rĂŞvait en Jughurta triomphant.
H.B.
