Lorsque le café de Paris se transforme en taverne et que les grandes avenues deviennent dangereuses, cela veut bien dire que le ver est quelque part dans le fruit.
Lorsque la prostitution s’affiche triomphante dans des lieux de convivialitĂ© jadis rĂ©putĂ©s, c’est qu’il sera bientĂ´t difficile de remonter la pente et retrouver un semblant de dignitĂ©.
Le Tunis d’aujourd’hui se vautre dans cette fange et, outre la crasse qui dĂ©borde de partout, n’a plus rien d’une capitale qui plus est, se voudrait touristique.
Les nuits appartiennent aux très nombreux clochards qui se rĂ©fugient lĂ oĂą ils peuvent, recevant parfois les secours symboliques d’un Samu social aussi inexpĂ©rimentĂ© que dĂ©muni de moyens.
Les jours, la ville appartient aux mendiants qui errent par centaines pour quémander quelques pièces pour survivre ou bien sont utilisés par des rabatteurs-proxénètes qui les placent à tous les carrefours.
Ceci dit, la vie suit son cours et les passants font comme si de rien n’Ă©tait, ferment les yeux et jouent Ă l’autruche qui ne sait pas.
La ville aussi a fini par regarder ailleurs, éberluée par tant de détresse et de misère qui, comme un fleuve peu tranquille, emportent nos illusions et nos démissions sur leur passage.
Et pendant ce temps, nous coulons irrĂ©mĂ©diablement, notre pays s’enfonce, nos vies sont en lambeaux et nos villes courbent l’Ă©chine jusqu’Ă n’en plus pouvoir.
