Sourdes oreilles et langues fourchues : ainsi s’avancent masqués les justiciers d’Ennahdha qui, depuis deux mois (et bientôt deux ans), mentent sans vergogne à l’opinion publique tunisienne.
Les islamistes au pouvoir, tout en se parant d’une piété tactique, n’hésitent pas à mentir comme ils respirent. Cette religiosité constitue d’ailleurs leur mensonge fondateur car, au fond, leur référence à la religion n’est que factice, fourbe et feinte. Pour eux, l’Islam que nous vénérons n’a qu’une valeur d’usage, n’est qu’un marchepied vers le pouvoir, qu’un outil de propagande qui sert à abuser le public.
La manière dont les islamistes d’Ennahdha se vautrent dans les mensonges les plus éhontés trouve actuellement une parfaite illustration avec les négociations pour sortir de la crise.
Contrevérités, faussetés et manipulations en tous genres sont à l’ordre du jour depuis deux mois. L’un dit une chose, l’autre affirme son contraire.
Le Politburo du parti souffle le chaud et le cheikh suprême vient souffler le froid. Les déclarations d’un jour sont effacées par celles du lendemain. Et le bateau Tunisie tangue, dérive, s’enfonce, alors que les intégristes promus gouvernants par des élections tronquées continuent à jouer la montre.
Car, au fond, les islamistes d’Ennahdha tablent aussi bien sur la lassitude de l’opinion que sur l’essoufflement de l’opposition à leur mainmise sur le pays. Englués dans un lamentable échec, ils continuent à placer les leurs tout en s’octroyant de généreuses compensations à l’ombre des négociations qu’ils font trainer. Une évidence s’impose chaque jour davantage : on dirait que pour eux la Tunisie n’est qu’un butin.
Ce faisant, ils continuent à mentir. Le double langage est leur marque de fabrique. Et, ils n’hésitent pas à aggraver cette duplicité par des mensonges au triple et au carré.
Que faire dès lors face à un quadruple menteur sinon lui dire ses quatre vérités ? Face au quartette qui cherche une issue à la crise, au sein d’une Troika plus avide de pouvoir que jamais, Ennahdha continue sa valse à deux temps : un pas en avant et un pas en arrière, un pieux mensonge le matin et un zeste d’arrogance le soir, une couleuvre le jour et un caméléon la nuit.
Ce résistible solo auquel se livrent les gourous de Montplaisir se développe sur un fond d’incertitude, sur une conviction naissante selon laquelle tout ce que cherche Ennahdha c’est tromper, bluffer, leurrer et mystifier.
Comme Judas, les Nahdhaouis tendent un piège à la vertu. Comme Brutus, ils sont adeptes des coups de poignards fussent-ils virtuels et des complots fussent-ils destinés à tuer le père pour usurper son trône. Comme Machiavel, ils rusent, truquent, trahissent et mènent en bateau un pays entier. Au fond, seul Machiavel semble les inspirer dans toute la culture politique occidentale.
Enfin, comme Tartuffe, leur piété n’est qu’illusion et les anathèmes qu’ils lancent que poudre aux yeux pour répandre la haine et mettre notre pays à genoux.
Deux ans après leur prise de pouvoir, ils ont remis la concussion et les connivences au cœur de la politique. Jouant aux saints effarouchés, ils continuent sans états d’âme leur travail de sape et cherchent, désormais à visage découvert, à enfoncer la Tunisie dans une crise profonde, un gouffre sans fond qui seuls sont à même de pérenniser leur pouvoir et promouvoir une vertu somme toute hypocrite.