Pour la gĂ©nĂ©ration de celles et ceux qui ont aujourd’hui 80 ans, les funĂ©railles de Moncef Bey sont restĂ©s un incroyable moment historique et une dĂ©monstration Ă©loquente de l’amour qui entourait ce bey du peuple.
Sidi Moncef, le bey du peuple
Né en 1881, Moncef Bey sera investi bey du camp le 18 mai 1942 à la mort de son cousin Béchir Bey et devenait ainsi le successeur officiel de Ahmed Bey qui régnait à cette époque.
Quelques semaines plus tard, le 18 juin 1942, Ahmed Bey décédait à son tour, terrassé par une hémorragie cérébrale.
Un règne de onze mois
C’est ainsi que le 19 juin 1942, dans la salle du trĂ´ne du palais du Bardo, Moncef Bey, Ă l’âge de 62 ans, devenait le dix-huitième bey de la dynastie husseinite.
Dès qu’il monta sur le trĂ´ne, Moncef Bey abolira le baise-main et gagnera davantage encore en popularitĂ© lorsqu’il ouvrit chaque jeudi son palais Ă tous les Tunisiens qui avaient une requĂŞte ou une dolĂ©ance.
Un souverain proche du peuple
Modeste, proche de son peuple, Moncef Bey aimait se promener dans les rues et les souks de Tunis et aller ainsi Ă la rencontre du petit peuple.
ProfondĂ©ment nationaliste, il espĂ©rait poursuivre l’œuvre de son grand-père Mhamed Bey qui avait promulguĂ© le Pacte fondamental. Moncef Bey ne rĂ©gnera en tout que onze mois et sera destituĂ© pour ses positions politiques par des Français revanchards qui l’exileront en AlgĂ©rie puis Ă Pau en France.
L’exil en AlgĂ©rie et en France
Après son abdication forcée, il passera les dix dernières années de sa vie à Pau où il décédera le 1er septembre 1948. Sa dépouille sera alors rapatriée en Tunisie et, selon ses vœux, il sera enterré au Djellaz et non pas dans la nécropole beylicale de Tourbet el Bey.
Ses funĂ©railles furent grandioses et Ă©mouvantes. Des dizaines de milliers de Tunisiens, toutes origines et toutes confessions confondues, suivirent le cortège jusqu’Ă la dernière demeure du bey du peuple.
Une marée vivante derrière la dépouille du roi martyr
Il Ă©tait devenu le roi martyr d’une Tunisie qui se battait pour son indĂ©pendance et lui offrira « la plus grande apothĂ©ose jamais offerte par le peuple tunisien Ă l’un de ses hĂ©ros » selon les propos de Slaheddine Tlatli qui tĂ©moigne que « l’on avait l’impression que les centaines de milliers de morts du Djellaz communiaient avec la marĂ©e humaine des vivants pour rendre un dernier hommage au souverain disparu ».
Un mausolée au Djellaz
Jusqu’en 2003, le modeste mausolĂ©e de Moncef Bey restera en l’Ă©tat initial et il faudra attendre le 55ème anniversaire de son dĂ©cès pour qu’il soit restaurĂ© et agrandi. Lieu de mĂ©moire, ce mausolĂ©e tĂ©moigne Ă sa manière de la longue tradition husseinite de la Tunisie et dĂ©montre que Moncef Bey reste une icĂ´ne de la mĂ©moire populaire des Tunisiens.
Des funérailles symboliques dans tout le pays
En septembre 1948, des funérailles symboliques eurent également lieu dans toutes les villes tunisiennes pour rendre hommage à Moncef Bey avec de nombreux cortèges et des foules profondément émues.
Dire que pour les nouvelles gĂ©nĂ©rations, Moncef Bey ne reprĂ©sente plus que le nom de quelques artères et celui d’un marchĂ© populaire…
H.B.
