Le discours du président de la République a été hier celui d’un homme qui a su se placer au-dessus des partis. Béji Caid Essebsi a en effet dit ce que la Tunisie avait besoin d’entendre. BCE a en quelques phrases fait la synthèse des attentes – pour le moment toujours vaines – des Tunisiens.
Il a dit clairement que l’autorité de l’Etat, c’est à dire son prestige, ne saurait continuer à être traînée dans la boue. Il a affirmé que les routes coupées et les usines bloquées ne sauraient être tolérées davantage.
Il a fait dans ce discours preuve de la fermeté que tous les Tunisiens attendent depuis belle lurette. Il a, par ricochet, rappelé à l’ordre tous les partis politiques, y compris et surtout ceux de l’improbable majorité actuelle, qui surfaient sur le mécontentement des contestataires sans respecter leurs électeurs.
BCE a parlé en homme d’Etat. A ce titre, il s’est démarqué des petits politiciens qui pullulent, disent une chose et font son contraire. Il a solennellement rendu à la parole publique sa valeur et sa légitimité dévoyés par des politiciens sans vergogne.
Il a surtout fait entendre la voix des électeurs – aussi bien ceux d’Ennahdha que ceux de Nidaa Tounes – qui constatent, presque impuissants, comment ces partis les trahissent et font passer les « combinazione » politicardes avant les intérêts de la Tunisie.
C’est dans une posture gaullienne que BCE s’est exprimé hier, rassemblant tous les Tunisiens – la majorité écrasante – qui n’acceptent plus que l’Etat, dont l’édification a coûté deux générations, soit mis en pièces par des voyous et des Machiavel de bazar.
C’est une manière claire, limpide et responsable de siffler enfin la fin de la récréation et mettre le holà à toutes les fuites en avant.
Enfin libéré des diktats coupables d’Ennahdha et du naufrage burlesque de Nidaa Tounes, BCE a enfin revêtu ses habits de président et démasqué les connivences sans dire un seul mot de leurs turpitudes.
La Tunisie attendait ce discours et attendait ce président qu’elle a élu mais dont le régime politique actuel lui refusait de se hisser à la stature qui est la sienne.
Hier, et c’est mon sentiment de Tunisien, sincère et respectueux des différences fertiles, BCE a démontré que notre pays n’avait pas changé, que notre malaise pouvait trouver une issue et que les apprentis sorciers et leurs soutiens n’auront jamais raison de nous.
Oui, resserrons nos rangs, laissons sa juste place à la légitime revendication mais ne laissons pas les fossoyeurs de notre république casser notre essor vers la démocratie.
Et si Ennahdha et Nidaa Tounes ne sont pas de cet avis, que ces deux partis aillent se joindre à messieurs Ben Jaafar et Marzouki dans les poubelles nauséabondes de notre histoire immédiate ; qu’ils aillent, génuflexions obligent, exprimer leur échec à leurs parrains turcs, qataris et consorts ; qu’ils aillent cuver leur faillite réciproque loin de cette révolution qui a fait basculer une dictature et ne saurait tomber ni dans les bras des faussaires de Dieu ni dans ceux des sourds d’oreille à l’appel de la vraie Tunisie.
BCE a jeté hier un pavé dans la mare, un pavé attendu de tous, un pavé qui a éclaboussé de fange ceux qui se complaisent dans le silence, les trahisons et les coups de poignard dans le dos d’un pays dont ils se servent comme monture pour assouvir leurs tristes turpitudes.
Mais la Tunisie se reconnaîtra… Mais la Tunisie les démasquera… Et BCE vient de faire un premier pas pour sortir un pays enlisé de cet étau malsain qui l’étouffe…