C’est le bey Hussein qui en 1830 offrit Ă la France, Ă la demande de Louis-Phillipe, un terrain sur la colline de Byrsa.
Première pierre et première messe
Le terrain sera clairement identifiĂ© le 23 juillet 1840 lorsque le consul français de l’Ă©poque en prit possession. Un cyprès fut symboliquement plantĂ© et, dès le 25 aoĂ»t, une messe sera cĂ©lĂ©brĂ©e sur cet emplacement sur les hauteurs de la colline la plus haute de Carthage.
Des chroniques d’Ă©poque racontent cette cĂ©rĂ©monie qui fut prĂ©sidĂ©e par le père Emmanuel sur un autel provisoire.
Le consul Largau et l’amiral Rosamel posèrent la première pierre de ce qui allait devenir la chapelle Saint-Louis. Cette pierre de fondation provenait d’un site antique et fut scellĂ©e alors que sonnaient les clairons, roulaient les tambours et rĂ©sonnaient 21 coups de canon. En effet, une escadre de la marine française Ă©tait alors prĂ©sente et hissa le drapeau.
L’itinĂ©raire d’une statue de la Goulette Ă Carthage…
Les travaux de construction purent enfin commencer et seront ardus. En effet, il n’y avait pas d’eau disponible en haut de la colline et il faudra avoir recours Ă des chevaux pour ravitailler le chantier.
Un an plus tard, le 11 aoĂ»t 1841, une statue reprĂ©sentant Charles V fit son arrivĂ©e au port de la Goulette, Ă bord du « Polinure », un vaisseau français. On la hissa jusqu’en haut de la colline dans des conditions homĂ©riques.
En effet, le père François Dornier nous apprend que la statue fut placĂ©e dans un chariot lui-mĂŞme construit Ă bord du bateau. Toutefois douze chevaux ne suffirent pas Ă tirer l’Ă©quipage et il faudra le recours Ă deux cents cinquante soldats qui, au bout de quatre heures, purent accompagner la statue de la Goulette Ă Carthage.
Une rĂ©plique de la chapelle royale d’Evreux
L’inauguration officielle de cette chapelle eut lieu le 25 aoĂ»t 1841, date qui correspond Ă la fĂŞte de Saint-Louis. C’est encore une fois le père Emmanuel da Malta qui officia en prĂ©sence du consul Largau.
Bâtie avec des pierres provenant des ruines de Carthage et des carrières de Soliman, la chapelle Ă©tait clairement de style gothique et reproduisait en plus petit les plans de la chapelle royale d’Evreux, en France.
L’abbĂ© François Bourgade en sera l’aumĂ´nier jusqu’en 1858, date de son dĂ©part de Tunisie. La chapelle Saint-Louis restera ensuite dans un Ă©tat de semi-abandon jusqu’en 1875.
L’arrivĂ©e des Pères Blancs et le projet de Lavigerie
A cette date, Lavigerie qui Ă©tait archevĂŞque d’Alger, envoya Ă Carthage les premiers Pères Blancs qui y arrivèrent en juin 1875.
L’un d’entre eux, le père Bresson, sera le chapelain de cette chapelle Saint-Louis. Les autres l’assisteront et mettront en place en aoĂ»t 1880 le collège Saint-Louis, en haut de cette colline de Byrsa.
Chaque 25 aoĂ»t, jusqu’en 1889, Saint-Louis sera cĂ©lĂ©brĂ© en sa chapelle avec faste et en prĂ©sence d’officiels tunisiens et français.
Entretemps, une nouvelle basilique avait vu le jour et deviendra la primatiale de Carthage. Le projet de constuction de cette cathĂ©drale Saint-Louis remonte au dĂ©but des annĂ©es 1880 et c’est encore une fois Lavigerie qui en est l’initiateur. Le culte quittera la chapelle pour la cathĂ©drale dès l’inauguration de celle-ci.
La chapelle sera démolie en 1950
Quant Ă la chapelle Saint-Louis, menaçant ruine, elle sera dĂ©molie en 1950. Elle demeure toutefois dans la mĂ©moire collective comme l’ancĂŞtre de la cathĂ©drale qui lui succĂ©da et deviendra l’actuel Acropolium de Carthage.
C’est cette ancienne cathĂ©drale, devenue aujourd’hui l’Acropolium de Carthage, qui domine la plaine et prĂ©serve silencieusement le souvenir de Saint-Louis, roi de France, mort Ă Carthage en 1270.
