Quand l’Islam mĂ©diĂ©val des rĂ©volutionnaires iraniens punit un esprit libre, il ne fait pas dans le dĂ©tail.
Nasrin Sotudeh, avocate spĂ©cialisĂ©e dans les droits humains, vient d’ĂŞtre condamnĂ©e en Iran Ă 38 ans de prison et 148 coups de fouet. Jugement inique, anecdotique et brutal qui souligne la maladie profonde de l’Islam tel qu’il est pratiquĂ© autoritairement dans certains pays.
Cet Islam est un totalitarisme pur et parfait contre lequel il faut résister, se mobiliser et combattre. Avant que la catastrophe ne finisse par atteindre de plein fouet des pays comme le nôtre.
A l’image du wahabisme arabe, le fondamentalisme d’Etat iranien châtie selon une inqualifiable loi du talion que tout esprit rationnel rejetterait.
Le terrible Ă©crasement de la modernitĂ© au nom de passĂ©ismes d’Etat a eu pour laboratoire des pays comme l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan. Il puise aussi son cynisme tranquille dans l’abondance des pĂ©trodollars dans les Ă©mirats islamiques du Golfe arabe.
Cette violence faite aux individus qui ont le malheur de naître musulmans dans un pays musulman est en train de se répandre comme une traînée de poudre.
La Tunisie n’est pas Ă©pargnĂ©e par cette dynamique de l’obscurantisme triomphant. L’avant-garde salafiste conteste notre mode de vie, notre culture politique et notre modernitĂ©.
Depuis 2011, sous couvert de démocratie, la République tunisienne est devenue un nouveau laboratoire du salafisme et du djihadisme armé.
Les avant-gardes de ces mouvances poussent sans cesse leurs pions, tentent d’imposer le voile, ouvrent des camps d’endoctrinement, parlent sans vergogne d’excision et de lapidation, achètent toutes les âmes qui sont Ă vendre et prĂ©parent notre conversion programmĂ©e au wahabisme de leurs maĂ®tres.
La Tunisie n’est nullement Ă l’abri car, un jour, ces soi-disant fous de Dieu mettront leurs menaces Ă exĂ©cution et, comme ils l’ont promis Ă maintes reprises, mettront le pays Ă feu et Ă sang pour « dĂ©fendre le Coran ».
Nos lois ne nous protĂ©geront pas car le moment voulu, tous les principes gĂ©nĂ©reux – fussent-ils constitutionnels – sauteront comme un verrou factice.
Ce jour lĂ , la grande connivence – feutrĂ©e aujourd’hui – apparaĂ®tra aussi claire que de l’eau de roche. La jonction entre tous les mouvements islamistes s’avĂ©rera alors l’horizon rĂ©volutionnaire vĂ©ritable.
Car, quoiqu’en disent les dĂ©mocrates, les libĂ©raux et la gauche, l’islamisme considère l’Ă©tape que nous vivons comme prĂ©-rĂ©volutionnaire et guette les conditions adĂ©quates pour dĂ©manteler et achever la RĂ©publique fondĂ©e en 1957.
C’est notre horizon si nous ne luttons pas aujourd’hui pour vivre libres demain. Car, je le rĂ©pète, aujourd’hui, nous sommes loin d’ĂŞtre libres, indĂ©pendants et souverains.
Et mĂŞme notre libertĂ© de parole nous enferme comme dans un piège. Oui, nous parlons mais attention au sacrĂ© tel que dĂ©fini par les passĂ©istes qui n’ont jamais hĂ©sitĂ© Ă nous intimider – y compris par la violence – tout en nous donnant des pseudo-garanties constitutionnelles.
Pour avoir protestĂ© contre le port obligatoire du voile, Nasrin Sotudeh vient d’ĂŞtre iniquement condamnĂ©e Ă 148 coups de fouet assortis de 38 ans de prison. Barbarie et enfermement pour cette avocate qui est accusĂ©e de divers blasphèmes dĂ©risoires comme « l’incitation Ă la corruption et Ă la prostitution » ou « immoralitĂ© pour ĂŞtre apparue en public sans hijab ».
Ces accusations me consternent d’autant plus que je sais que nous sommes loin d’ĂŞtre Ă l’abri de ces dĂ©rives que certains Tunisiens voudraient instituer en norme collective.
Aujourd’hui, cette avocate qui souffre le martyre est Iranienne. Luttons pour elle et luttons pour que ces passĂ©ismes ne l’emportent jamais oĂą que ce soit.
Aujourd’hui, je souffre virtuellement des mĂŞmes 148 coups de fouet qui feront gicler le sang de Nasrin, lui lacĂ©reront la peau, ne cicatriseront pas, la tueront peut-ĂŞtre.
Aujourd’hui, je dĂ©nonce les tortionnaires sanguinaires qui pensent pratiquer leur religion en martyrisant des femmes libres. J’oppose Ă leur libertĂ© de conscience qui persĂ©cute, la mienne de libertĂ© qui les voit comme des assassins au nom de totalitarismes passĂ©istes.