Il existait dans la Tunisie husseinite une tradition selon laquelle on annonçait par un coup de canon chaque mouton offert à une famille démunie.
C’est bien entendu Ă l’occasion de Aid el Idha que cette coutume intervenait. Et la tradition voulait qu’on tende l’oreille afin de compter les coups de canon et constater la mansuĂ©tude du souverain.
Le dernier Ă avoir pratiquĂ© cette tradition n’est autre, pour le dĂ©signer par son titre, que Sidi Mohamed Lamine Pacha Bey, dernier souverain de la dynastie husseinite.
On raconte encore Ă Hammam-Lif qu’une annĂ©e particulièrement faste, on compta jusqu’Ă 125 coups de canon, ponctuĂ©s par les vivats de la foule qui reprenait en chĹ“ur le tout aussi traditionnel « Allah yonsor Sidna »…
Autre temps, autres mĹ“urs ! En effet, de nos jours, on continue Ă pratiquer une charitĂ© d’Etat Ă l’occasion des grandes fĂŞtes religieuses. Seulement, comme en cette annĂ©e 2016, on se contente de remettre une quarantaine de dinars aux dĂ©munis pour qu’ils puissent fĂŞter l’Aid.
Plus largement, les familles sont aussi charitables et font don de moutons entiers aux plus pauvres pour le « korbane » des dĂ©funts dĂ©cĂ©dĂ©s dans l’annĂ©e et, souvent, dans l’anonymat qui sied Ă toute charitĂ© bien ordonnĂ©e qui, malgrĂ© la maxime connue, ne commence jamais par soi-mĂŞme.
H.B.