Le ministre de l’Intérieur, M. Ali Laarayedh, a explicitement accusé, hier, les forces de gauches et nationalistes d’être derrière les incidents qui se sont produits ces derniers jours à Sidi Bouzid. Le ministre de l’Intérieur est allé plus loin en nommant M.Chokri Belaid d’avoir incité les protestataires à agir de la sorte, et ce qui est encore plus grave, c’est qu’il a intégré l’UGTT dans le conflit en disant que M.Belaid a fait sa déclaration à partir du siège régional de la centrale syndicale.
Deux remarques doivent être faites à ce propos :
Tout d’abord, cette déclaration vient donc à contre-courant des accusations du bureau régional du parti d’Ennahdha qui avait accusé ouvertement Nidaa Tounes.
Ensuite, ces accusations sont très graves dans la mesure où elles criminalisent des comportements susceptibles donc de permettre l’ouverture d’une poursuite judiciaire. Et dont les motifs pourraient prendre des allures très dangereuses à partir du moment où elles se rapportent à la stabilité du pays et appellent au renversement du gouvernement.
Ces graves accusations ont été rejetées par l’intéressé, M.Chokri Belaid, qui a répliqué qu’il était là en sa qualité d’avocat venu à Sidi Bouzid pour défendre des militants de droits de l’homme arrêtés après les incidents sus-indiqués. Puis, il a poursuivi qu’en sa qualité de chef de parti, il a le droit de s’enquérir de la situation et de prendre connaissance des préoccupations des citoyens dans la région.
Hamma Hammami est lui aussi monté au créneau pour souligner que ces accusations rappellent celles des ministres de Ben Ali avant de préciser que la Révolution a été l’œuvre de ces forces de gauche et nationalistes, et non d’Ennahdha. Il a poursuivi en mettant l’accent sur les subterfuges employés par le gouvernement pour éluder les vrais problèmes rencontrés par les citoyens et de masquer ainsi sa carence et son incompétence.
Bref, on est rentré dans un cercle vicieux d’accusations et de récusations qui n’augure rien de bon !