Lors d’une rencontre tenue ce mardi 22 juillet 2025 au palais de Carthage avec Mossad Boulos, haut conseiller du président américain Donald Trump pour les affaires arabes, du Moyen-Orient et de l’Afrique, le président tunisien Kaïs Saïed a adressé un message clair à Washington, et plus largement à l’Occident : la Tunisie entend désormais élargir ses partenariats stratégiques dans une logique d’indépendance nationale et de souveraineté assumée.
Si la réunion a porté sur plusieurs dossiers sensibles, notamment la situation dramatique en Palestine, les menaces terroristes et les tensions régionales dans le monde arabe, c’est surtout la déclaration finale du président tunisien qui a retenu l’attention. Kaïs Saïed a affirmé que « la Tunisie a fait le choix d’élargir ses partenariats stratégiques, dans l’intérêt de son peuple et en réponse à ses attentes ». Une position qui, dans le contexte international actuel, traduit une inflexion géopolitique de plus en plus visible, et qui porte notamment sur un positionnement tournée vers la Chine.
Un virage diplomatique assumé
Depuis plusieurs mois, la diplomatie tunisienne multiplie les signaux d’un rapprochement progressif avec des puissances non occidentales comme la Chine, la Russie ou encore l’Iran. Ces relations s’intensifient à travers des projets économiques, des échanges politiques et des initiatives multilatérales. Si la Tunisie a longtemps été perçue comme un partenaire traditionnel de l’Europe et des États-Unis, l’administration Saïed semble désormais chercher à redéfinir les équilibres.
Ce basculement ne signifie pas une rupture formelle avec les partenaires occidentaux, mais une volonté affirmée de sortir d’une dépendance perçue comme asymétrique. Le choix de renforcer les liens avec Pékin, Moscou ou Téhéran traduit aussi une lecture plus pragmatique des rapports de force mondiaux, dans un contexte de recomposition accélérée de l’ordre international.
En optant pour une diversification de ses alliances, la Tunisie semble s’inscrire dans une logique de « neutralité active », inspirée par des principes de souveraineté et de non-ingérence.
Conclusion : vers un nouvel équilibre tunisien
Ce positionnement, bien que risqué dans un environnement international polarisé, vise aussi à redonner de la marge de manœuvre à une diplomatie tunisienne longtemps perçue comme en retrait. Il pourrait permettre au pays de tirer parti d’opportunités économiques alternatives, notamment dans les domaines des infrastructures, de l’énergie ou de la sécurité.
Le message de Carthage est limpide : la Tunisie cherche à sortir du tête-à-tête exclusif avec l’Occident et à affirmer sa voix sur la scène internationale. Ce tournant géostratégique, s’il se confirme, nécessitera toutefois une gestion fine des équilibres, pour éviter l’isolement ou des frictions avec ses partenaires historiques. Mais pour Kaïs Saïed, c’est désormais un choix assumé, dicté par les intérêts du peuple tunisien.
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