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« El Sett » : Oum Kalthoum au cinéma, entre mythe, polémiques et émotion

par Neïla DRISS
samedi 27 décembre 2025 09:02
dans Culture, Épingle
El Sett Mona Zaki

Faire un film sur Oum Kalthoum n’est jamais un geste neutre. C’est toucher à une figure qui dépasse largement le cadre artistique pour relever de la mémoire collective, de l’intime, du presque sacré. Oum Kalthoum n’est pas seulement une chanteuse légendaire : elle est une présence constante, transmise de génération en génération, une voix qui accompagne des souvenirs familiaux, des moments de vie, des nuits entières. La représenter au cinéma, c’est accepter d’emblée l’idée que le film sera jugé non seulement comme œuvre, mais comme prise de position, voire comme un geste symbolique.

C’est dans ce contexte particulièrement sensible qu’est né El Sett, film ambitieux consacré à Oum Kalthoum. Présenté en première mondiale au Festival international du film de Marrakech, le film s’est immédiatement imposé comme un événement, avant même sa sortie en salles. Non seulement par son sujet, mais par l’ampleur du projet, son budget conséquent, et la volonté affichée de proposer une fresque cinématographique à la hauteur du mythe.

Son réalisateur, Marwan Hamed, occupe depuis plusieurs années une place centrale dans le cinéma égyptien contemporain. De L’Immeuble Yacoubian, qui a constitué un tournant dans le paysage cinématographique égyptien, à des productions à très gros budget devenues de véritables phénomènes publics comme Kira & El Gin, son parcours l’a installé comme un cinéaste capable de conjuguer ampleur narrative, exigence visuelle et large réception. Dans ce parcours, El Sett s’inscrit logiquement : un film porté par un réalisateur rompu aux récits collectifs et aux figures emblématiques, et conscient de ce que représente, symboliquement et culturellement, le fait de mettre en scène une icône comme Oum Kalthoum.

Avant même que le film ne soit tourné, El Sett a suscité une première polémique, la plus immédiate et la plus prévisible : celle du casting de Mona Zaki dans le rôle d’Oum Kalthoum. Cette controverse est née très en amont, avant toute image, avant toute projection, nourrie par une question aussi simple qu’insoluble : comment incarner Oum Kalthoum ? Après la série télévisée Oum Kalthoum, dans laquelle Sabrine avait livré une interprétation devenue fondatrice dans l’imaginaire populaire, toute actrice se retrouvait confrontée à une comparaison écrasante. Sabrine était devenue Oum Kalthoum pour toute une génération. Il était pourtant impensable de reprendre la même actrice pour le cinéma, précisément pour éviter toute interférence entre la série et le film.

Dès lors, quelle actrice choisir ? Mona Zaki a cristallisé les critiques, mais le débat dépasse largement sa personne. On peut raisonnablement penser que quel que soit le choix — Menna Shalaby, Amina Khalil, Hend Sabry ou toute autre — la polémique aurait existé. Parce qu’aucune actrice ne pouvait être « parfaite » face à une figure aussi absolue. Mona Zaki a fait son possible, avec ses outils, sa sensibilité, ses limites aussi. Elle a convaincu certains, pas d’autres. Et cela semblait, dès le départ, inévitable.

Après les premières projections, une deuxième vague de critiques est apparue, cette fois centrée sur le portrait d’Oum Kalthoum proposé par le film. Certains ont reproché à El Sett de montrer une femme trop dure, trop autoritaire, trop préoccupée par le pouvoir ou par l’argent, mettant en avant des traits jugés dévalorisants pour une icône nationale. Le fait de la montrer fumeuse, exigeante, parfois inflexible, a été perçu par certains comme une atteinte à son image. Comme si Oum Kalthoum ne pouvait être montrée que sous une forme idéalisée, irréprochable, presque abstraite.

Or, de manière paradoxale, d’autres reproches sont venus dire exactement l’inverse. El Sett a également été accusé de trop lisser son sujet, d’éviter les zones d’ombre, de se tenir à distance des sujets qui dérangent. Le film ne parle pas de la jalousie d’Oum Kalthoum, n’évoque pas la rumeur autour de son éventuelle implication dans le décès d’Ismahan, ne montre pas son opposition initiale à Abdel Halim Hafez. Il ne fait aucune allusion à la rumeur concernant son homosexualité et n’ébauche pas la moindre ambiguïté sexuelle. Rien de tout cela n’est abordé, même de manière indirecte. Le silence est total sur ces questions.

Cette contradiction est révélatrice. Comment reprocher à un film de porter atteinte à l’image d’Oum Kalthoum tout en lui reprochant simultanément de trop la protéger ? El Sett se retrouve ainsi pris dans une tension insoluble, sommé de tout dire sans jamais déranger, d’humaniser sans jamais désacraliser.

Une autre polémique a concerné l’usage des images d’archives. Certains spectateurs ont estimé que leur présence répétée donnait parfois l’impression que le film basculait vers le documentaire, au détriment de la fiction. Personnellement, j’ai ressenti exactement l’inverse. Ces images — affiches, coupures de journaux, archives superposées au récit — ont renforcé mon immersion. Elles donnent au film une densité particulière, rappellent que ce qui est montré s’est réellement produit. Oum Kalthoum a réellement porté ces vêtements, réellement occupé ces espaces, réellement vécu ces événements. Loin de rompre l’illusion, ces archives lui donnent de l’ampleur. La reconstitution des décors et des costumes participe du même mouvement : ancrer le film dans une réalité tangible. Cela suppose un budget conséquent, et le film l’avait. Cette ambition visuelle est l’un de ses atouts.

Le film a également été critiqué pour la présence de nombreuses grandes stars du cinéma égyptien dans de petits rôles ou des caméos. Là encore, il s’agit d’un choix de mise en scène. Peut-être Marwan Hamed a-t-il voulu créer un écrin collectif, un hommage partagé, réunissant autour d’Oum Kalthoum plusieurs figures du cinéma égyptien. Personnellement, ces présences ne m’ont pas dérangée. Leur absence n’aurait pas été remarquée non plus. Elles ne sont pas nécessaires, mais elles ne portent pas préjudice au film.

El Sett

C’est donc avec toutes ces polémiques en tête que je suis allée voir El Sett. Et pourtant, dès les premières minutes, la magie a opéré. Le film s’ouvre sur le concert historique de l’Olympia, en novembre 1967. Devant le théâtre parisien, la foule s’agglutine. Des spectateurs venus d’Europe, d’Afrique du Nord, des pays du Golfe, parfois même de plus loin, attendent Oum Kalthoum. J’ai eu immédiatement le sentiment d’entrer avec eux dans la salle, et par là même dans le film, d’être moi-même à l’Olympia, au milieu de ce public qui criait « Souma, Souma », ivre de bonheur à l’idée de rencontrer enfin Kawkab El Charq.

Ce concert est un moment historique, non seulement pour Oum Kalthoum, mais pour l’Olympia lui-même, qui n’a jamais connu un tel phénomène, ni avant ni après elle. En regardant ces scènes, je me suis rappelée les nombreuses interviews de Bruno Coquatrix, directeur général de l’Olympia à ce moment-là, racontant son étonnement face à l’ampleur du succès, sa sidération devant un public venu de partout, de toutes les classes sociales, de toutes les religions, uni par une même ferveur. Cette mémoire, construite depuis longtemps, a sans doute renforcé mon immersion. Très vite, l’émotion a pris le dessus. À plusieurs reprises, j’ai eu du mal à retenir mes larmes.

Bien sûr, El Sett survole une vie immense et intense. Trois heures ne suffisent pas à contenir un tel destin. Mais ce que le film montre est essentiel : une femme venue d’un trou perdu de la campagne égyptienne, dotée d’une grande voix, mais surtout d’un courage, d’une intelligence et d’une capacité à comprendre le monde qui l’entoure. Une femme qui sait négocier, saisir les opportunités, apprendre, se cultiver. Une femme qui, au-delà de la musique, crée un magazine, y écrit, impose un point de vue féminin, et parvient à présider un syndicat. Tout cela dans les années 1920, 1930 et au-delà, à une époque où la majorité des femmes arabes étaient encore cantonnées à l’espace domestique.

Tous ces débats ont pourtant tendance à occulter l’essentiel, El Sett devait surtout réussir une chose essentielle : susciter l’émotion. Et en ce qui me concerne, cette mission est pleinement remplie. Ce film, par son sujet même, ne pouvait pas plaire à tout le monde. Oum Kalthoum appartient à notre mémoire collective, et chacun la porte en lui d’une manière différente. Chacun a sa propre image, ses propres souvenirs, ses propres attentes. Chacun aurait voulu voir certaines choses racontées, et d’autres passées sous silence. Il existe sans doute mille et une manières de faire un film sur Oum Kalthoum, et toutes seraient discutées, discutables et contestées. Marwan Hamed a fait ses choix. Il a sa manière. On y adhère ou pas. Pour ma part, j’y ai adhéré. J’y ai adhéré pour l’émotion qu’il a su créer, pour ce témoignage qu’il a rapporté. Et l’émotion, au fond, n’est-elle pas l’essentiel lorsqu’on parle d’un film sur Oum Kalthoum?

À un moment, une autre question s’est imposée, presque malgré moi : celle du regard extérieur. El Sett peut-il voyager ? Non pas au sens industriel du terme, mais au sens sensible : ce film peut-il toucher un public qui ne connaît pas Oum Kalthoum, qui n’a pas grandi avec sa voix, qui n’a pas en mémoire ces nuits où ses chansons semblent suspendre le temps, qui ne mesure pas spontanément ce que son nom représente dans l’imaginaire arabe ? Je me suis surprise à y penser parce que, pour moi, l’émotion du film ne vient pas seulement de ce qu’il raconte, mais aussi de ce qu’il réveille. Il active une mémoire déjà là, une familiarité, une histoire transmise, parfois même une forme de reconnaissance intime. Cette dimension, profondément culturelle et affective, constitue sans doute à la fois la force du film et l’une de ses limites potentielles hors de son contexte naturel.

Je ne peux pas parler à la place d’un spectateur étranger. Je n’ai pas ce recul-là, et je ne prétends pas l’avoir. Mais je me demande ce que El Sett deviendrait s’il était vu comme on découvre une artiste pour la première fois : une femme venue d’un village, devenue une star, traversant des époques, des scènes, des transformations sociales. Est-ce que l’on serait saisi par la même ferveur, par la même densité, par le même vertige ? Ou est-ce que le film susciterait autre chose : de la curiosité, de l’admiration, peut-être une distance, peut-être même un étonnement devant l’intensité quasi religieuse qu’il met en scène ? Cette question reste ouverte. Elle ne diminue pas mon expérience ; elle la souligne au contraire, en rappelant que, dans mon cas, El Sett ne se contente pas de raconter une légende : il dialogue avec une mémoire vivante.

La polémique autour de El Sett dit finalement autant de choses sur notre rapport à Oum Kalthoum que sur le film lui-même. On lui reproche à la fois de trop montrer et de ne pas montrer assez, d’humaniser et de lisser, de trahir et de sanctuariser. Cette contradiction révèle une difficulté plus profonde : comment représenter au cinéma une figure devenue, pour beaucoup, intouchable ?

El Sett n’est ni une encyclopédie, ni un tribunal, ni une hagiographie absolue. C’est un regard, situé, assumé. On peut en discuter les choix, en regretter certains, en défendre d’autres. Mais le film parvient à faire quelque chose d’essentiel : redonner chair à une trajectoire hors norme, celle d’une femme qui, dans un monde qui lui était largement hostile, a pris la parole, occupé l’espace, exercé le pouvoir et marqué durablement l’histoire culturelle et politique du monde arabe.

Peut-être est-ce là la question la plus intéressante posée par El Sett : non pas ce qu’il dit ou ne dit pas d’Oum Kalthoum, mais ce que nous acceptons, ou non, de voir lorsqu’un mythe descend de son piédestal pour entrer dans le champ du cinéma.

Neïla Driss

Tags: CinémaCinéma EgyptienFilmMarwan HamedMona Zaki

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