A l’arrêt depuis sept ans, l’usine laitière de Sidi Bou Ali s’apprête à redémarrer sous une nouvelle identité et une gouvernance entièrement revue. Reprise par l’État à travers la Caisse des Dépôts et des banques publiques, la structure renaît sous le nom de « Tunisie Lait », avec l’ambition de retrouver un rôle central dans le secteur.
Fermée depuis novembre 2018, l’usine laitière de Sidi Bou Ali va prochainement reprendre ses activités. La relance intervient à la suite d’une opération de reprise pilotée par la puissance publique. L’annonce a été confirmée le 24 décembre par Sadok Laarif, commissaire aux comptes et mandataire judiciaire, lors d’une intervention médiatique.
Une reprise orchestrée par l’État
Le redémarrage du site industriel est le résultat d’un processus de rachat structuré, marqué par une intervention directe du président de la République, Kaïs Saïed. Selon Sadok Laarif, cette implication a permis de renforcer la participation nationale et de replacer l’usine sous contrôle public, après une phase de coordination entre l’ensemble des acteurs concernés.
L’opération s’est traduite par l’acquisition de la société Elbene Industrie par la Caisse des Dépôts et Consignations, en partenariat avec trois banques publiques : la BNA, la STB et la BH Bank. De cette nouvelle configuration est née une entité rebaptisée « Tunisie Lait ».
Un directeur général a déjà été désigné pour conduire la phase de relance opérationnelle, tandis que des démarches sont engagées pour identifier un partenaire stratégique capable d’accompagner le développement à moyen et long terme.
Selon les estimations avancées, la reprise complète de la production devrait s’étaler sur une période d’environ douze mois. Cette phase transitoire vise à remettre à niveau les capacités industrielles, stabiliser la gestion et repositionner l’entreprise sur un marché laitier marqué par de fortes tensions structurelles.
Retour sur une fermeture
La mise à l’arrêt de l’usine en 2018 était intervenue dans un contexte financier particulièrement dégradé et de soupçons de corruption. Les états financiers arrêtés au 31 décembre de la même année faisaient apparaître de graves déséquilibres. Les commissaires aux comptes avaient alors émis un avis assorti de réserves, soulignant une incertitude majeure quant à la capacité de l’entreprise à poursuivre son exploitation.
Cette situation avait conduit au licenciement d’environ 200 employés, tandis que 154 autres sont restés à la disposition de l’entreprise, sans salaires, durant toutes ces années.
Le 28 mai dernier l’administrateur judiciaire de l’entreprise, Sadok Laarif, avait annoncé que la société « Elbene Industrie » était désormais placée sous la tutelle de la Caisse des Dépôts et Consignations, bras financier de l’État après le dépôt d’une offre d’acquisition auprès du tribunal de première instance de Sousse, accompagnée d’un plan de redressement structuré visant à relancer durablement le site industriel.
Entrée en activité en 1978, cette unité industrielle, privatisée en 2005, était l’une des principales contributrices à la production nationale de lait et de ses dérivés. En période de pointe, entre janvier et avril, la production quotidienne atteignait entre 400.000 et 500.000 litres, et descendait à environ 300.000 litres par jour durant les mois de juin, juillet et août.
L’usine, autrefois publique, a été privatisée en 2005 et cédée à deux investisseurs tunisiens pour un montant de 8 millions de dinars, l’État tunisien conservant néanmoins 15% du capital, via la Banque nationale agricole (BNA).
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