L’ancien ministre et homme d’affaires Mehdi Ben Gharbia a été condamné à deux ans de prison par la sixième chambre spécialisée du Tribunal de Tunis. Le verdict tombe alors que l’intéressé fait déjà face à plusieurs peines liées à des affaires financières et demeure incarcéré dans le retentissant dossier du meurtre de Rahma Lahmar. Ce nouveau jugement confirme l’escalade judiciaire autour d’une figure politique autrefois influente.
Un verdict qui s’ajoute à une série noire
La décision marque une nouvelle étape dans l’accumulation des condamnations visant Mehdi Ben Gharbia. La juridiction pénale spécialisée a retenu contre lui des infractions douanières et bancaires impliquant des sociétés commerciales qu’il dirigeait. La peine : deux ans de prison ferme, assortis d’amendes.
Mais ce jugement n’arrive pas dans un vide judiciaire. Depuis début 2025, l’ancien ministre est rattrapé par une succession de décisions sévères. En détention depuis octobre 2021 et poursuivi dans plusieurs affaires, l’homme d’affaires et ancien ministre, avait été condamné en janvier dernier à quatre ans de prison et à une amende de cinquante mille dinars pour corruption financière et administrative au sein de deux sociétés de transport et de conseils qui lui appartiennent.
Quelques mois plus tard, en juin, la justice avait prononcé huit ans supplémentaires, répartis sur quatre dossiers distincts de corruption financière, blanchiment et fraude douanière contre l’ancien ministre des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme.
Ces affaires impliquaient deux de ses entreprises et mettaient également en cause des collaborateurs considérés comme ses complices. Les décisions, successives et cumulatives, ont installé Ben Gharbia dans l’une des trajectoires judiciaires les plus lourdes enregistrées contre un ancien membre du gouvernement ces dernières années.
L’ombre persistante de l’affaire Rahma Lahmar
À ces condamnations financières s’ajoute un dossier beaucoup plus sensible : celui du meurtre de Rahma Lahmar, retrouvée morte en 2020 à Aïn Zaghouan. En mai 2025, un rebondissement inattendu avait conduit à l’incarcération officielle de Mehdi Ben Gharbia dans cette affaire, alors qu’il n’avait jamais été publiquement lié au dossier auparavant.
L’annonce avait créé la stupeur : la disparition et la mort violente de la jeune femme avaient marqué l’opinion, déclenchant une vague d’indignation nationale. L’implication judiciaire d’un ancien ministre dans une affaire criminelle aussi emblématique avait dès lors changé l’échelle politique et médiatique du cas Ben Gharbia.
Aujourd’hui, cette affaire reste ouverte, et l’enquête continue d’alimenter les spéculations sur la nature exacte de son implication.
Lire aussi