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CIFF 2025 – « Contenus arabes : traverser les frontières, partager nos récits »

par Neïla DRISS
vendredi 21 novembre 2025 08:19
dans Culture
CIFF 2025 Cinéma arabe


Dans le cadre de la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire (CIFF), qui se tient du 12 au 21 novembre 2025, un panel intitulé Arab-Led Content: Crossing Borders, Sharing Stories — « Contenus arabes : traverser les frontières, partager nos récits » — a réuni quatre personnalités dont les parcours, très différents mais profondément complémentaires, ont permis d’ouvrir une réflexion précise : comment les récits arabes peuvent-ils franchir les frontières, circuler au-delà de leur région d’origine et trouver leur place dans le paysage mondial ?

La discussion a réuni Mohamed Hefzy, scénariste avec plus de quarante scénarios à son actif, mais aussi producteur incontournable du cinéma arabe contemporain. Son regard croise l’écriture, la production, l’analyse de l’industrie et une connaissance intime des réseaux internationaux, renforcée par ses quatre années de présidence du CIFF, qui lui ont donné une vision unique de la circulation des œuvres arabes et du rôle des festivals dans leur visibilité.

À ses côtés se trouvait Shahinaz El Akkad, fondatrice de Lagoonie Film Production en Égypte, société devenue en quelques années un acteur central de la production arabe. Elle a accompagné de nombreux films — indépendants, commerciaux ou d’auteur — et se distingue par un engagement constant en faveur d’un cinéma professionnel, structuré et solidement enraciné dans les réalités du pays.

Le panel accueillait également Ola Salama, figure essentielle du cinéma palestinien et directrice de Lab Palestine, un espace qui soutient les jeunes cinéastes palestiniens, encourage la création, accompagne les auteurs et tente d’offrir un minimum de structure à une production qui évolue dans des conditions extrêmement difficiles.

Enfin, Rasha Al Emam, productrice saoudienne forte de vingt années d’expérience, représentait une industrie en pleine transformation. L’Arabie saoudite, dont le premier film sélectionné à Cannes ne date que de 2024, connaît une croissance rapide soutenue par l’État. Elle incarne cette nouvelle génération de productrices qui structurent un secteur jeune, dynamique et ambitieux.

Modéré par Mohamed Nabil, ce panel a donné lieu à une conversation dense et vivante sur la manière dont les récits arabes peuvent franchir les frontières et rencontrer des publics étrangers.

CIFF 2025
Cinéma arabe

À partir de cette présentation, la discussion a rapidement pris de l’ampleur lorsque Mohamed Hefzy a été interrogé sur la relation entre les films arabes et les festivals internationaux, ainsi que sur l’importance réelle de ces derniers dans la vie d’un film.

Il a répondu que les cinéastes arabes aspirent bien sûr à voir leurs films voyager, mais que toute ambition internationale doit commencer par un ancrage local solide. Un film ne peut toucher le monde que s’il raconte sincèrement une histoire enracinée dans son pays, sa culture, son vécu. S’il cherche à plaire d’abord aux étrangers, s’il dénature son identité, il perd toute authenticité — et un film artificiel ne peut pas voyager.

Il insiste : les festivals jouent un rôle décisif, mais ils ne doivent jamais être le moteur d’un projet. Un film indépendant — dans le sens le plus pur du terme, c’est-à-dire un film réalisé dans une liberté complète, tant sur le sujet que sur la manière de raconter — doit d’abord exister pour son public local, répondre aux conditions de distribution de son pays. Les festivals interviennent ensuite, comme une plateforme, non comme un objectif.

Cette position a été immédiatement confirmée par Shahinaz El Akkad. Elle partage la conviction profonde que les récits arabes ne peuvent toucher un public international que s’ils sont ancrés dans une histoire locale, dans une manière de vivre, dans une culture précisément décrite. Lorsque l’histoire est authentique, elle intéresse le monde entier.

Elle souligne par ailleurs que les films arabes ont déjà franchi les frontières : ils circulent, ils sont vus, ils sont reconnus. L’enjeu aujourd’hui n’est plus d’atteindre l’international, mais de renforcer cette dynamique.

C’est précisément cette idée d’authenticité que j’avais développée il y a quelques années dans un article publié ici même sur Webdo.tn, « Le cinéma arabe à la conquête du public européen ? ». J’y expliquais déjà que l’universalité ne naît jamais d’une volonté d’être “international”, mais d’un ancrage profond dans une réalité locale. Ce que dit un film du Caire, de Beyrouth, de Ramallah, de Tunis ou de Jeddah ne peut toucher un spectateur européen ou américain que s’il commence par toucher son propre public. Les propos de Mohamed Hefzy et de Shahinaz El Akkad s’inscrivent exactement dans cette perspective et confirment, par leur expérience, la pertinence de cette analyse.

La parole est ensuite revenue à Ola Salama, dont l’intervention a ouvert un regard essentiel sur la situation palestinienne. Elle a expliqué que le cinéma palestinien se bat contre des obstacles immenses : absence d’industrie, absence d’infrastructures, absence de financements, absence de stabilité. Et pourtant, malgré ces conditions extrêmes, de très nombreux jeunes auteurs tentent de faire des films. Ils ont des histoires, des idées, des scénarios, une énergie qui ne demande qu’à s’exprimer.

Lab Palestine essaye de les accompagner en offrant du matériel, des espaces de travail et un soutien à la production et à la postproduction. Mais très souvent, dès qu’un financement étranger intervient, les contraintes surgissent. Salama a donné un exemple direct : certains bailleurs exigent de supprimer le mot « martyre », pourtant central dans de nombreux récits palestiniens. Pour elle, cette imposition est inacceptable. Son rôle est de défendre la liberté des jeunes cinéastes, de leur permettre de raconter leurs histoires telles qu’elles sont, sans édulcorer, sans déformer.

Elle a ajouté un fait majeur : depuis le 7 octobre 2023, la demande mondiale pour les films palestiniens a littéralement explosé. Les spectateurs veulent voir le Palestinien, comprendre le Palestinien, entendre des récits palestiniens. Le public découvre la réalité de l’occupation, de la colonisation, du génocide et cherche à entendre une voix authentique, non filtrée.

Dans ce contexte, le festival Palestine Cinema Days, dont la 10ᵉ édition devait se tenir du 24 octobre au 1ᵉʳ novembre 2023, n’a pas pu avoir lieu. L’équipe du festival a alors fait un choix audacieux : transformer l’édition en un festival éclaté, organisé dans des dizaines de pays.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
– plus de cent projections en 2023 ;
– plus de quatre cents en 2024 ;
– plus de mille en 2025.

Le Japon, à lui seul, a demandé cent soixante projections. L’Allemagne, malgré une situation politique tendue, en a accueilli quarante et une. La circulation massive de ces films révèle un intérêt mondial sans précédent.

La parole est ensuite passée à Rasha Al Emam, qui a apporté la perspective d’un pays où l’industrie se structure à grande vitesse. Elle rappelle que l’Arabie saoudite, contrairement à la Palestine, ne manque pas de financements. L’État investit considérablement dans le cinéma, ce qui permet aux producteurs et aux réalisateurs de travailler dans des conditions matérielles favorables.

Mais cela ne signifie pas que les choses sont simples. L’industrie est jeune, encore en construction, et subit de nombreuses influences extérieures : celles des producteurs, des attentes commerciales, des sensibilités sociales. Ces influences peuvent générer des pressions ou des compromis. Pour elle, pourtant, l’essentiel rejoint ce qu’ont dit Hefzy et Akkad : un film ne peut réussir que s’il repose sur une identité claire et une sincérité absolue. Chercher à plaire à l’étranger revient à trahir l’œuvre.

Après ces interventions, le panel a pris une dimension plus analytique lorsque Mohamed Hefzy est revenu sur la distribution internationale.

Selon lui, il s’agit aujourd’hui de l’un des plus grands obstacles à la circulation des films arabes.

Les distributeurs internationaux prennent rarement des risques, sauf lorsqu’un film arabe a déjà remporté un grand succès en festival. Cette année pourtant, une dynamique nouvelle apparaît : trois films consacrés à la cause palestinienne, réalisés par trois femmes — La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, Palestine 36 d’Annemarie Jacir et Ce qu’il reste de nous de Cherien Dabis — ont été sélectionnés dans de grands festivals internationaux. Pour Hefzy, cette visibilité n’est pas symbolique : elle montre qu’un espace s’ouvre lorsque des films sincères, enracinés, traitent de sujets universels.

Par ailleurs, il n’est pas non plus aisé d’attirer les professionnels étrangers dans nos festivals arabes. Mohamed Hefzy raconte que lors de sa première année en tant que président du CIFF, lorsqu’il avait contacté Variety ou The Hollywood Reporter pour qu’ils couvrent le festival, leur première question fut : « Avez-vous des premières mondiales ? » Cette obsession de l’exclusivité dit beaucoup du fonctionnement des festivals internationaux : ce qui attire la presse n’est pas seulement la qualité d’un film, mais sa nouveauté.

Le public a ensuite été invité à intervenir, et un sujet crucial a émergé : la langue, les sous-titres et l’accessibilité.

Pour qu’un film puisse toucher un public étranger, il faut qu’il soit compréhensible. Les plateformes donnent l’illusion d’un accès mondial, mais dans les faits, très peu de films arabes sont correctement sous-titrés. La plupart des plateformes arabes proposent des sous-titres en arabe ou en anglais pour des œuvres étrangères, mais oublient souvent de sous-titrer en plusieurs langues leurs propres films et séries.

C’est un paradoxe qui empêche les œuvres arabes de voyager. À l’heure où les plateformes façonnent le rapport au cinéma, un film non sous-titré ou mal sous-titré n’existe tout simplement pas pour les spectateurs étrangers.

La discussion s’est ensuite tournée vers un exemple emblématique de cette difficulté : l’absence quasi totale des films arabes aux Oscars.

Mohamed Hefzy a expliqué que pour espérer une nomination, un film arabe doit remplir trois conditions presque impossibles :
– trouver un distributeur américain ;
– financer une campagne de promotion massive, pouvant atteindre des dizaines de millions de dollars ;
– avoir une première mondiale dans un très grand festival.

Chaque année, plus de quatre-vingt-dix films sont soumis rien que dans la catégorie du Meilleur Film International. Les votants ne peuvent pas tous les visionner. Ils regardent les films dont on parle, ceux qui sont promus — donc presque jamais les films arabes.

C’est injuste, dit-il, mais c’est la réalité.

Les coproductions deviennent alors un outil essentiel : elles apportent du financement, mais aussi un accès à des réseaux internationaux. Elles permettent aux films arabes de devenir visibles.

Puis le débat a abordé un sujet délicat : les contraintes imposées par certains partenaires étrangers et l’autocensure.

Pour certains films, des partenaires demandent des modifications — sur le fond ou sur la forme. Parfois aucune contrainte n’est imposée. Certains réalisateurs acceptent, d’autres refusent. Hefzy précise n’avoir jamais subi de pression directe. Mais il reconnaît que l’autocensure existe : par prudence, par stratégie, par anticipation commerciale, certains cinéastes adaptent eux-mêmes leur récit. Cette autocensure est parfois plus forte que les pressions extérieures.

Interrogée sur son rapport aux films consacrés aux femmes, Shahinaz El Akkad a rectifié immédiatement : elle ne choisit pas un film pour son sujet, mais pour ce qu’il lui plaît, pour ce qui la touche. Elle rappelle que les films qui remportent des prix sont ceux qui reposent sur une sincérité profonde, une authenticité totale.

Elle distingue également de manière très nette cinéma commercial et cinéma indépendant. Dans un film commercial, de nombreux avis interviennent : producteurs, distributeurs, acteurs, équipes marketing. Dans un film indépendant, au contraire, la décision repose sur le désir intime de l’auteur et du producteur. Elle insiste : dans son propre travail, elle choisit uniquement ce qui l’émeut.

Au terme de cette rencontre, une idée semble avoir traversé toutes les interventions, sans jamais être formulée comme un slogan : si les films arabes veulent franchir les frontières, ils doivent continuer à raconter ce qu’ils sont, d’où ils viennent et ce qui les habite. Rien ne voyage mieux qu’un récit sincère. Rien n’est plus universel qu’un ancrage assumé.

Mais cette conclusion, si elle paraît simple, ouvre en réalité un champ de questions beaucoup plus vaste. Car si les cinémas arabes doivent rester fidèles à eux-mêmes pour toucher le monde, comment s’adapteront-ils à un paysage où les plateformes redéfinissent la notion même de territoire ? Comment préserver cette authenticité dans un contexte où la circulation des œuvres dépend encore de financements extérieurs, de stratégies de distribution, de sous-titrages parfois insuffisants ? Et comment faire en sorte que cette demande internationale — notamment pour le cinéma palestinien — ne devienne pas une attente normative, une injonction à raconter certaines histoires au détriment d’autres ?

L’enjeu, désormais, n’est peut-être plus seulement de « traverser les frontières », mais de redessiner la manière dont ces frontières existent dans l’imaginaire mondial. Les films arabes peuvent raconter la complexité, la douceur, la violence, la mémoire, la joie, l’humour, la colère, tout ce qui tisse leurs sociétés de l’intérieur. Ils peuvent ouvrir des portes vers des mondes rarement vus, mais ils peuvent aussi se permettre de sortir des schémas attendus, de surprendre, d’explorer, de décaler le regard.

Peut-être est-ce là la prochaine étape : non plus seulement prouver que le cinéma arabe peut voyager, mais montrer qu’il peut le faire dans toute sa diversité, sans se conformer, sans s’auto-censurer, sans se limiter à ce que les programmateurs étrangers attendent de lui. Une question se pose alors : quelles histoires arabes n’avons-nous pas encore racontées, justement parce que nous pensions qu’elles n’intéresseraient personne hors de nos frontières ?

C’est peut-être à cet endroit — entre fidélité à soi-même et conquête de nouveaux espaces — que se joue aujourd’hui l’avenir des cinémas arabes.

Neïla Driss

Tags: CIFFCIFF 2025CinémaCinéma arabeFestivalFestival International du Film du CaireFestival International du Film du Caire (CIFF)

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