Sous le dôme de l’Assemblée des représentants du peuple, la ministre de la Justice Leïla Jaffel a livré samedi soir une réponse directe aux accusations relayées ces derniers jours autour de la situation des prisonniers grévistes de la faim. Interpellée lors de la séance consacrée à l’examen du budget de son ministère, elle a fermement démenti l’existence de ce qu’elle a qualifié de “grèves de la faim sauvages” dans les prisons tunisiennes.
Jaffel a reconnu que le droit à la grève de la faim existe, mais elle a insisté sur le respect du protocole sanitaire qui encadre le suivi médical des détenus. Elle a affirmé que certains prisonniers refusent volontairement les examens médicaux prévus, ce qui relève de leur choix, mais a rejeté toute tentative de “manipulation” ou de “déformation de la réalité”. La ministre a estimé que la diffusion d’informations exagérées ou non vérifiées porte atteinte à l’image du pays.
L’affaire a pris de l’ampleur après la vidéo publiée par l’avocate Dalila Msaddak, sœur du détenu Jawher Ben Mbarek, poursuivi dans le dossier dit de “la conspiration contre la sûreté de l’État”. Dans cette vidéo, elle évoque une dégradation sévère de l’état de santé de son frère, en grève de la faim depuis plus de deux semaines, et affirme qu’il aurait été violemment frappé à la prison civile de Belli, à Nabeul.
La réponse des autorités pénitentiaires a été immédiate. L’instance générale des prisons et de la rééducation a nié à nouveau ce qu’elle qualifie de “fausses informations” et “mises en scène orchestrées”, tout en annonçant l’ouverture de poursuites judiciaires contre ceux qui diffusent ces affirmations dans les médias et sur les réseaux sociaux. Elle affirme disposer de preuves qu’elle transmettra à la justice.
Ouverture d’enquêtes à l’encontre de trois avocats
Dans le même contexte, le parquet du tribunal de première instance de Tunis a ordonné l’ouverture d’enquêtes à l’encontre de trois avocats, suite à une saisine de l’agence générale auprès de la Cour d’appel de Tunis. Selon une source judiciaire, ces procédures font suite à des plaintes déposées par l’autorité pénitentiaire à propos de la diffusion d’“informations erronées” sur les grèves de la faim et l’état de santé de certains détenus.
En multipliant les démentis et les mises au point sous le dôme de l’ARP, Leïla Jaffel a voulu envoyer un signal clair : le gouvernement entend maîtriser le récit autour des mouvements de protestation en prison et ne laisser aucune place à ce qu’il considère comme une exploitation politique du dossier. Une manière de reprendre la main sur un sujet sensible qui mêle justice, droits humains et tensions politiques persistantes.
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