En apparence, les chiffres sont encourageants : selon le directeur général du Centre national pour la promotion de la greffe d’organes, Dr Jalel Zayadi, près de 16 000 Tunisiens ont inscrit, de manière volontaire, la mention « donneur d’organes » sur leur carte d’identité nationale. Un geste citoyen porteur d’espoir pour des centaines de malades.
Mais en pratique, le contraste est saisissant : seuls 10 à 15 cas par an répondent réellement aux conditions très strictes de don post-mortem. La raison ? Le don d’organe ne peut avoir lieu que dans des circonstances très précises : un décès en milieu hospitalier, en état de mort cérébrale, sans maladies infectieuses graves. Ce qui réduit drastiquement le nombre de donneurs potentiels.
Pendant ce temps, la liste d’attente s’allonge dangereusement : 1700 patients attendent une greffe de rein, 40 espèrent un nouveau cœur, et entre 40 et 50 sont en attente d’une greffe de foie. Des chiffres qui traduisent l’urgence et la détresse de nombreux Tunisiens en attente d’un miracle médical.
Dr Zayadi insiste sur l’aspect rigoureusement scientifique du processus : la compatibilité tissulaire, le groupe sanguin et la taille de l’organe sont vérifiés via un système informatique sécurisé. « Il n’y a aucune intervention humaine possible dans l’attribution des organes », assure-t-il, afin de garantir transparence et équité.
Fait peu connu : les greffes sont centralisées exclusivement au Centre national de greffe d’organes. Le transport des organes, lui, s’effectue sous escorte sécurisée, avec parfois le recours à des hélicoptères, notamment lorsque le donneur et le receveur se trouvent dans des villes éloignées.