Le ministère du Transport a récemment publié sur sa page Facebook une vidéo célébrant la réception du deuxième lot de bus chinois, dans une ambiance pour le moins… surjouée. On y voit des enfants crier de joie de manière théâtrale, des femmes pousser des zghārīt, tandis qu’une autre, à l’intérieur du bus, brûle de l’encens (bkhūr) à l’aide d’un kanoun comme pour bénir un événement sacré.
Si la modernisation du parc de bus est une nouvelle positive pour le service public, la mise en scène excessive de cette livraison soulève des interrogations. Doit-on vraiment accueillir des bus, achetés par fonds publics, comme s’il s’agissait d’un miracle tombé du ciel ? Faut-il théâtraliser à ce point une livraison d’équipements basiques, alors que cela relève normalement de la gestion régulière d’un service public en mal de crédibilité ?
Ce type de communication, qui mélange folklore, démesure et mise en scène infantilisante, risque de produire l’effet inverse de celui escompté. Là où on aurait pu montrer des chiffres, des engagements en matière de ponctualité, de sécurité ou de conditions de travail des conducteurs, on nous sert une cérémonie quasi mystique.
Dans un pays où les usagers du transport public se plaignent chaque jour des retards, du sous-équipement et de l’insécurité dans les bus et métros, cette communication folklorique sonne comme une provocation. Le réalisme, la sobriété et la transparence seraient sans doute plus efficaces pour redorer l’image de la TRANSTU que ce genre de mise en scène dépassée.