Alors que le site de l’agence TAP salue aujourd’hui la bonne tenue du dinar tunisien face au dollar américain — atteignant son plus haut niveau depuis février 2022 — une ombre plane sur cette embellie monétaire. À partir du 1er août, les exportations tunisiennes vers les États-Unis pourraient être soumises à des droits de douane de 25 %, comme en témoigne la récente lettre officielle transmise par l’administration américaine au président Kaïs Saïed.
Une performance monétaire remarquable mais fragile
Selon les indicateurs publiés ce 11 juillet, le dinar tunisien a enregistré une appréciation de 6,7 % face au dollar, pour atteindre une valeur de 2,90 dinars pour un dollar. Cette performance s’inscrit dans une tendance haussière de 7,40% sur les douze derniers mois, plaçant la Tunisie parmi les rares pays de la région à voir sa monnaie se renforcer face au billet vert.
Cette robustesse monétaire est soutenue par des fondamentaux solides : des réserves en devises stables évaluées à 23,5 milliards de dinars (soit 102 jours d’importation), des recettes touristiques en hausse constante et des transferts réguliers des Tunisiens à l’étranger. La Banque centrale tunisienne maintient par ailleurs une politique monétaire rigoureuse, saluée par les observateurs internationaux pour sa cohérence et sa capacité à préserver la stabilité des prix.
La menace tarifaire américaine : un test de résistance
Mais cette conjoncture favorable pourrait se heurter à une réalité commerciale plus rude. Dans le cadre d’un rééquilibrage de ses relations bilatérales, l’administration américaine prévoit d’imposer une taxe de 25 % sur certains produits tunisiens, une mesure qui pourrait affaiblir significativement la compétitivité des exportations nationales.
Les secteurs les plus exposés — agroalimentaire et textile — représentent une part considérable des exportations tunisiennes vers les États-Unis. Cette dépendance commerciale rend l’économie tunisienne particulièrement vulnérable à toute modification des conditions d’accès au marché américain, d’autant que ces secteurs sont également de grands pourvoyeurs d’emplois.
Les négociations en cours : entre espoir et incertitude
Pour tenter d’alléger cette pression, la Chambre de Commerce américano-tunisienne (AmCham Tunisia), présidée par Marouane Ben Jemaa, mène actuellement des négociations intensives avec ses homologues américains. L’objectif est ambitieux : obtenir une réduction substantielle de la taxe à 10 %, à l’instar de ce qu’ont obtenu d’autres partenaires commerciaux des États-Unis.
Selon M. Ben Jemaa, les discussions avancent et un compromis demeure envisageable avant la date butoir du 1er août. Ces négociations représentent un enjeu crucial pour l’économie tunisienne, car elles pourraient déterminer la trajectoire des échanges commerciaux avec les États-Unis pour les mois à venir.