Alors que l’été bat son plein et que les aéroports tunisiens sont submergés par le flux saisonnier de voyageurs, Tunisair s’enfonce dans une spirale de chaos organisationnel, battant des records de retards, d’annulations et de colère publique. Une situation qui semble, cette année, atteindre un sommet d’indignation rarement égalé – malgré les promesses présidentielles et les engagements gouvernementaux.
« Ni les conditions à bord des avions, ni la ponctualité des vols ne sont acceptables », avait lancé le président Kaïs Saïed en mars 2025, dénonçant l’état déplorable des services de la compagnie nationale. Deux mois plus tard, il réaffirmait son attachement à l’entreprise publique : « Tunisair doit redevenir un symbole de fierté nationale », tout en promettant que « les institutions et entreprises publiques tunisiennes ne seront jamais mises en vente ».
Mais sur le tarmac comme sur les réseaux sociaux, les faits contredisent lourdement les discours. Depuis début juin, les incidents s’enchaînent, exposant au grand jour les failles profondes d’une compagnie que ni les injections financières, ni les slogans patriotiques ne semblent remettre sur pied.
Une colère virale et un ras-le-bol généralisé
Sur Facebook, X et Instagram, la colère est virale. « Tunisair considère et traite ses passagers comme du bétail ! », s’insurge un utilisateur. Un autre décrit une scène ubuesque : « Sur Orly, les derniers vols sont déroutés vers Roissy sans prévenir, des familles entières errent en pleine nuit. »
L’exemple du vol TU 999, Nice–Tunis, du 30 juin dernier, a fait figure de déclencheur symbolique : 150 passagers, dont des enfants et des personnes âgées, apprennent à 23h passées que leur vol est annulé – sans solution de rechange, sans hébergement, sans encadrement.
Et pourtant, Tunisair se voulait rassurante : « Le nombre d’avions en état de voler a doublé depuis l’année dernière », expliquait-on en interne. Mais cette « amélioration » semble dérisoire face à l’ampleur du désordre opérationnel.
Une machine déréglée, une gouvernance dépassée
La compagnie a tenté de temporiser : dans un communiqué publié récemment, Tunisair évoque « des perturbations généralisées du trafic aérien ayant entraîné des ajustements horaires sur plusieurs vols ». Elle affirme déployer « toutes les mesures nécessaires pour limiter l’impact sur ses passagers ». Des mots qui peinent à masquer le décalage flagrant entre la communication officielle et la réalité vécue par les usagers.
Au cœur du problème : une désorganisation chronique, une flotte toujours trop réduite, une maintenance insuffisante, un personnel sous pression, et une gouvernance incapable de restaurer la confiance. Loin d’un redressement, c’est une entreprise à la dérive qui se profile.