L’équipe de défense des accusés dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État » a vivement critiqué, ce samedi 19 avril 2025, les lourdes peines de prison prononcées par la justice tunisienne qui varient entre 13 et 66 ans de prison, estimant que le procès n’a pas respecté les garanties minimales d’un procès équitable.
Dans un communiqué publié après l’annonce des verdicts et rapporté par l’agence TAP, les avocats dénoncent une procédure expéditive : « La chambre criminelle s’est retirée pour délibérer et a rendu sa décision seulement 30 secondes après avoir rejeté les demandes d’ajournement et de radiation de certains noms, sans entendre ni les accusés présents ni les plaidoiries des avocats », ont-ils affirmé.
Dans la nuit de vendredi à samedi, la chambre spécialisée en affaires de terrorisme du tribunal de première instance de Tunis a condamné 40 personnes à des peines allant de 13 à 66 ans de prison. Parmi les accusés figurent des responsables politiques, d’anciens ministres, des avocats, des hommes d’affaires et des activistes, poursuivis pour des chefs d’accusation graves, notamment : complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État, formation et appartenance à une organisation terroriste, incitation à la guerre civile, troubles à l’ordre public et atteinte à la sécurité alimentaire et environnementale.
L’affaire, ouverte en février 2023, avait conduit à une série d’arrestations de figures politiques de tous bords, dont Issam Chebbi (Parti républicain), Ghazi Chaouachi (ancien ministre), Jawhar Ben Mbarek (activiste), Abdelhamid Jelassi (ancien cadre d’Ennahdha), ainsi que Bochra Belhaj Hmida (ex-députée), Chaima Issa (militante), Kamel Letaief (homme d’affaires) et le philosophe français Bernard-Henri Lévy.
La tenue des audiences à distance, décidée par la justice pour des raisons de « sécurité », a aussi été dénoncée par la défense, qui estime que cela a empêché les accusés de se défendre correctement, notamment en interrogeant les témoins et en répondant aux charges graves qui pèsent contre eux.
Trois audiences se sont tenues depuis le 4 mars dernier, la dernière ayant eu lieu vendredi 18 avril. Le comité de défense appelle désormais à un large engagement en faveur du respect des droits fondamentaux et d’un véritable procès équitable, afin de « préserver la réputation du pays et l’état de droit ».