Le ministère tunisien des Affaires culturelles a annoncé, le 18 avril 2025, la nomination de Tarek Ben Chaâbane à la direction générale des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). Il succède au cinéaste et critique Férid Boughedir, nommé président d’honneur des JCC 2024. Cette nouvelle désignation place à la tête du festival une figure familière du paysage cinématographique tunisien.
Un universitaire et cinéphile engagé
Tarek Ben Chaâbane est docteur en sociologie et enseigne la sociologie des médias ainsi que les théories du cinéma à l’École supérieure de l’audiovisuel et du cinéma (ESAC) de Gammarth. Il a aussi été critique de cinéma, rédacteur culturel et scénariste, collaborant notamment à des projets comme El Ziara, la lune noire (de Naceur Ktari, 2014) et Always Brando (de Ridha Béhi, 2011).
En plus de ses contributions en tant qu’auteur et enseignant, il a joué un rôle important dans les institutions culturelles tunisiennes. Il a dirigé la Cinémathèque tunisienne entre 2020 et 2022, période durant laquelle il a supervisé la création de la Bibliothèque Mohamed-Mahfoudh, inaugurée en 2021 en hommage au journaliste, scénariste et critique de cinéma Mohamed Mahfoudh (1945–2005). Cette bibliothèque, première du genre en Tunisie, rassemble plus de 1 600 ouvrages et documents, et comprend une salle de projection dédiée aux étudiants et chercheurs spécialisés.
Tarek Ben Chaâbane connaît bien les rouages des JCC : il en a été le délégué général en 2010, et directeur artistique en 2017. Sa nomination en 2025 constitue donc un retour à une fonction qu’il a déjà exercée sous différentes formes.
Les JCC : un festival pionnier dans le monde arabe et africain
Créées en 1966 par le critique et cinéaste Tahar Cheriaa, les Journées Cinématographiques de Carthage sont le plus ancien festival de cinéma du monde arabe et du continent africain. Elles ont pour mission, dès leur origine, de promouvoir les cinémas arabes et africains, souvent marginalisés dans les grands circuits de diffusion.
Le festival a été organisé tous les deux ans jusqu’en 2014, avant de devenir annuel. Il a contribué à faire connaître des figures majeures du cinéma du Sud, telles qu’Ousmane Sembène, Youssef Chahine, Mahamat-Saleh Haroun, Moufida Tlatli ou encore Abderrahmane Sissako. Le Tanit d’or, la plus haute distinction remise à Carthage, est considéré comme l’un des prix les plus importants pour les cinéastes du continent africain et du monde arabe.
Le festival s’est imposé comme un lieu de rencontres pour les professionnels, les cinéphiles, les chercheurs et les critiques. Malgré les difficultés structurelles auxquelles il a parfois été confronté — contraintes budgétaires, défis organisationnels, réformes institutionnelles — les JCC demeurent une référence incontournable dans la région.
La 36ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage aura lieu du 13 au 20 décembre 2025,
Neïla Driss