Sfax, deuxième ville de Tunisie, fierté économique, capitale des exportateurs, berceau des hommes d’affaires et des success stories made in Tunisia. Ici, les villas poussent plus vite que les arbres, les fortunes s’empilent, les comptes bancaires grossissent. Mais dans les rues… c’est un autre décor.
Les trottoirs ? Endommagés, inexistants ou squattés par les poubelles. Les espaces verts ? Un vieux souvenir ou un concept inconnu. Les transports publics ? L’équivalent d’une chasse au trésor : rares et épuisés.
Récemment, c’est le bureau local de l’UTICA qui a tiré la sonnette d’alarme pour dire que Sfax est devenue une ville pauvre de son infrastructure et de son paysage urbain.
Il faut dire que Sfax est une ville paradoxale. Ici, l’argent existe bel et bien. Mais il est ailleurs. Derrière les murs des villas géantes, au fond des comptes bancaires, dans les showrooms des voitures de luxe, ou dans les soirées feutrées des clubs privés.
Comment expliquer qu’une ville qui abrite certains des plus gros industriels, exportateurs et investisseurs du pays reste aussi pauvre en équipements publics ? Simple : à Sfax, la richesse est un sport individuel. Pas d’esprit de ville, pas de projet collectif. Chacun construit sa forteresse, protège son patrimoine, s’équipe en énergie solaire, forage privé et système de sécurité dernier cri. L’État ? Lointain. Les autorités locales ? Invisibles. Le citoyen lambda ? Il regarde passer les grosses cylindrées en enjambant les flaques d’eaux usées.
Sfax est donc devenue cette caricature d’une ville riche mais pauvre. Une sorte de Monaco sans mer propre, sans tourisme, sans éclat public. Une ville qui exporte tout — sauf son modèle urbain.
Mais après tout, pourquoi s’en inquiéter ? Les affaires tournent, les fortunes gonflent, les villas brillent. Et la ville ? Elle attend. Ou plutôt, elle s’enlise.
À Sfax, on a visiblement compris une chose : l’argent ne fait pas le bonheur… collectif.