Diffusé pendant le mois sacré du Ramadan, le feuilleton tunisien El Fetna, réalisé par Sawssen Jemni, s’impose comme une œuvre audacieuse qui plonge dans les profondeurs de l’héritage familial, une thématique aussi ancienne qu’universelle.
À travers une intrigue captivante, des personnages hauts en couleur et un traitement scénaristique subtil, la série aborde des questions complexes liées à la transmission, aux luttes de pouvoir et aux blessures invisibles qui façonnent la dynamique familiale.
L’héritage, qu’il soit matériel ou immatériel, est au cœur de El Fetna. La série s’articule autour d’une bataille acharnée pour le contrôle des biens familiaux, mais ce qui commence comme un simple conflit de propriété se transforme rapidement en une réflexion plus large sur les valeurs, les souvenirs et les blessures laissées par des générations passées.
À travers ses personnages, l’œuvre pose des questions existentielles sur la manière dont les héritages sont reçus, transmis et transformés.
Derrière les enjeux matériels se cachent des tensions psychologiques profondes. Les personnages, habilement interprétés par des acteurs tels que Rim Riahi et Mohamed Ali Ben Jemaa, incarnent la complexité des rapports familiaux et la souffrance de ceux qui doivent affronter un héritage lourd à porter.
Leurs luttes ne sont pas seulement contre d’autres membres de leur famille, mais contre leurs propres démons, les secrets enfouis et les attentes écrasantes imposées par la société.
La réalisatrice Sawssen Jemni, déjà reconnue pour sa capacité à traiter des sujets sociaux sensibles, réussit jusque-là à capturer l’intensité émotionnelle des téléspectateurs Elle parvient à créer une tension palpable entre les personnages, tout en offrant une réflexion sur la manière dont l’héritage peut être un fardeau ou une bénédiction, selon la façon dont il est perçu et accepté.
Cependant, si El Fetna séduit par sa profondeur et la pertinence de ses thématiques, certains aspects peuvent néanmoins laisser le spectateur sur sa faim après les deux premiers épisodes diffusés.
La construction narrative, bien que riche, prend parfois un rythme un peu trop lent. Le développement des personnages secondaires, bien que pertinent, manque parfois de nuance, leurs actions se résumant parfois à des archétypes prévisibles qui peinent à surprendre.