L’idée de se rendre en Ukraine est peut-être « indécente » à l’heure où le monde reste suspendu à ce qui se passe à Gaza. Mais entreprendre ce genre de périple, programmé depuis des semaines, a pour principal objectif d’aller à la rencontre de ces Tunisiens qui ont préféré rester dans ce pays miné par la guerre plutôt que de rentrer au bercail.
Oui, des Tunisiens sont encore en Ukraine². Ils ont choisi d’y rester pour plusieurs raisons propres à eux. En allant les « dénicher » dans un pays où la guerre bat son plein, est un véritable défi.
Le périple commence de Paris, ville transit avant de se rendre en Pologne, pays frontalier de l’Ukraine. Une fois arrivé en Pologne, direction Kiev, pour entrer dans le vif du sujet. Les premières impressions sont déstabilisantes voire contradictoires avec tout ce que nous pouvons lire ici et là sur la guerre.
Un kiosque à Bila Tserkva, une petite cité située à 90km de Kiev | CP : Webdo
A Kiev, la vie semble normale après plus de vingt mois de combats au cœur d’une guerre qui secoue toujours l’Ukraine. Les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes. Qu’il est loin le temps où les images d’une capitale en état d’alerte défilaient dans le monde entier.
L’optimisme et la fierté des Kiéviens !
Les habitants gardent leur optimisme légendaire en montrant fièrement les symboles de l’indépendance ukrainienne lorsqu’ils en ont l’occasion. Le drapeau, le trident (ici sur notre photo), la statue de l’indépendance, le tournesol et le i tréma sont les grands emblèmes de l’Ukraine.
Le trident, demeure l’un des symboles les plus emblématiques de l’Ukraine. Son histoire remonte à plusieurs siècles. Volodymyr le Grand, l’une des personnalités les plus vénérées du pays, l’a fait graver sur la monnaie à l’époque où Kiev se trouvait sous sa direction, de 980 à 1015.
Le trident est devenu le blason de l’Ukraine une première fois pendant la guerre d’indépendance de 1917-1921. Le pays l’a de nouveau inclus dans ses armoiries à partir de 1991, lorsqu’il a voté pour son indépendance.
Kiev fierté des habitants avec le fameux trident | CP : Webdo
Au début du mois d’août 2023, l’Ukraine a remplacé par ce trident la faucille et le marteau soviétiques sculptés sur l’immense statue de la Mère Patrie à Kiev. Le gouvernement prévoit également de rebaptiser la statue « Mère Ukraine ».
Recrudescence d’attaques russes, attendue !
Les Kiéviens savent toutefois que ce n’est qu’une illusion et que la Russie peut frapper à n’importe quel moment. Hier, samedi 11 novembre 2023, ils sont retombés dans l’atmosphère des débuts lorsque les sirènes ont brusquement retenti, après deux mois de calme.
Puis, deux fortes explosions ont été entendues, au centre de la capitale ukrainienne, là où nous étions présents. En effet, vers 8h00 du matin, les habitants de Kiev ont de nouveau été saisis par cette inquiétude qui les a obligés à se mettre à l’abri suite à l’explosion de deux missiles russes détruits près de l’aéroport par le système de défense aérien Patriot, selon les témoignages recueillis sur place.
Si les sirènes ont retenti tardivement, c’est que ces deux missiles balistiques ont été envoyés des stations mobiles près des frontières et ne peuvent pas être détectés qu’après le flash émis par le lancement, comme le confirment des experts consultés à Kiev.
L’administration militaire de Kiev a d’ailleurs confirmé sur Telegram. « qu’il était très probable que l’ennemi teste ainsi le système de défense de Kiev ». L’Ukraine s’attend en effet, à une recrudescence d’attaques de ce genre cet hiver, après les frappes de l’hiver dernier qui avaient visé le réseau énergétique ukrainien, laissant des milliers de personnes sans chauffage ni électricité pendant de longues périodes.
« Après une longue pause de 52 jours, l’ennemi a repris ses attaques de missiles sur Kiev ! » a ajouté le chef de l’administration militaire de Kiev.