L’os de la patte d’un éléphant, retrouvé lors de fouilles aux côtés de projectiles de guerre, intrigue les chercheurs espagnols.
Pour qui se battait cet « éléphant de bataille » dont l’os vieux de 2000 ans a été retrouvé à Cordoue ? Le quotidien espagnol El País, revient dans son édition du 19 septembre 2023, sur cette découverte qui date de 2019.
Des fouilles préventives d’urgence réalisées sur une colline de Cordoue (Andalousie, sud de l’Espagne) avaient révélé le carpe (groupe d’os du poignet) d’un éléphant « de taille considérable », mort entre la fin du IVe siècle et le milieu du Ier siècle av. J.-C.
Cette découverte suscite à ce jour de nombreuses questions, auxquelles les chercheurs tentent de répondre. Surtout, autour du camp que l’animal aurait pu (bien malgré lui) défendre.
Le pachyderme était-il au centre des batailles qui ont vu s’opposer Rome à Carthage, ou encore à Numance, entre la fin du IVe siècle et le milieu du Ier siècle av. J.-C. ?
Faisait-il partie des célèbres troupes d’Hannibal Barca, ou alors de Jules César deux siècles plus tard ? S’agissait-il de l’un des éléphants envoyés par les rois d’Afrique du Nord au siège de Numance, plus au nord en Hispanie ? L’animal est-il mort au combat ? Les spécialistes s’interrogent.
Au IIIe siècle av. J.-C., la deuxième guerre punique oppose en Espagne le puissant Empire romain à la civilisation carthaginoise, menée par le chef de guerre Hannibal Barca, à la tête de 40.000 hommes… et de cinquante-deux éléphants de guerre, utilisés comme des « blindés ».
En 206 av. J.-C., les Romains parvenaient tout de même à s’emparer de la ville de Cordoue (Corduba à l’époque), jusque-là aux mains des Carthaginois. Elle devient la capitale de la province romaine de Bétique (Hispania Baetica).
Rafael Martínez, zoologiste et professeur de préhistoire à l’université de Cordoue a tout de même examiné les restes osseux de 15 centimètres sur 8 pour les faire « parler ». Il confirme qu’il s’agit du « carpe du sabot droit, un os également connu sous le nom de capitatum, d’un pachyderme africain ou indien dont il est difficile de déterminer l’espèce.
Les chercheurs n’ont pu compter sur le carbone 14 pour déterminer la date de la mort du pachyderme, car le fragment d’os qui n’est pas fossilisé reste poreux. Une éventuelle analyse des protéines qu’il contient pourrait permettre d’obtenir davantage d’informations.