Cela faisait plusieurs semaines que des vidéos racistes et xénophobes circulaient sur les réseaux sociaux.
Dans ces reportages, on donne la parole à des Tunisiens ordinaires qui, sans vergogne et le plus naturellement du monde, accusent la communauté ouest-africaine de tous les maux.
Le procédé semble bel et bien cousu de fil blanc car peu après, toujours sur les réseaux sociaux, un parti d’obédience nationaliste arabe reprenait ce racisme latent à son compte et désignait tous les Africains subsahariens.
Plus tard, une campagne sécuritaire légitime visant à contrôler les migrants irréguliers était engagée notamment à l’Ariana.
Depuis, se sentant probablement boostés et legitimés par cette démarche sécuritaire, les xénophobes ne font plus dans la nuance et répandent des propos racistes qui tombent sous le coup de la loi.
Par ailleurs, ces propos sont la plupart du temps mensongers et tordent le cou à la réalité. Il n’y a jamais eu 800.000 Africains subsahariens en Tunisie où ils sont tout au plus 20.000 dont plus de 5000 sont étudiants.
Ce n’est qu’un exemple dans un désastreux concert où les imprécations et les attitudes brutales se multiplient. Certaines personnes ont été délogées de leurs domiciles. D’autres s’y cloîtrent de peur d’être agressées.
Des mineurs sont arrêtés pendant plusieurs jours. Et de nouvelles situations sont à déplorer chaque fois sur fond de mobilisation des associations d’étudiants subsahariens et de panique dans les établissements universitaires qui les accueillent.
Même des malades béninois auraient été pris à partie alors qu’ils étaient en Tunisie pour des soins. C’est terrible de ressentir cette répugnante atmosphère de pogrom se propager par une sorte d’effet boomerang alors que l’opération sécuritaire ciblant les sans-papiers aurait pu se dérouler en toute légitimité, sans par ricochet désigner toute une communauté à la vindicte populaire.
Indéniablement racistes, les propos proférés par de nombreux Tunisiens ne sont pas à notre honneur. Les valeurs de la Tunisie sont plus nobles que cette déferlante haineuse. Ce populisme ravageur et cette remise en cause de l’hospitalité doivent être questionnés car ils expriment notre malaise profond.
Ce printemps xénophobe est un drame pour la Tunisie, autant pour ses victimes désignées que pour ceux qui les montrent du doigt.