La terrible précarité qui rogne les horizons de la jeunesse convertit de nombreux innocents en désespérés.
Devant des portes fermĂ©es, un pays ravagĂ© par la crise et l’incapacitĂ© des politiques Ă offrir des solutions, ces jeunes finissent par perdre pied.
Si les uns pensent que le salut est dans la fuite vers l’Europe, d’autres se sont laissĂ©s embrigader dans des armĂ©es de desperados ayant rejoint les rangs du terrorisme international.
Ce dĂ©sespoir et cette perte des repères touchent mĂŞme les enfants comme le soulignent les trop nombreux suicides d’Ă©coliers.
Et la tragĂ©die se poursuit avec, depuis janvier 2011, un nombre d’immolations par le feu qui est tout aussi inquiĂ©tant.
Si la plupart de ces jeunes agissent par dĂ©sespoir, d’autres ont tentĂ© de donner une dimension politique Ă leur acte.
C’est le cas du cadreur Abderrazak Zorgui qui, dans une vidĂ©o poignante, donne cette dimension politique qu’il revendique avec des mots troublants.
Beaucoup de ces immolés par le feu se voient en nouveau Bouazizi et pensent que leur acte de désespoir pourrait allumer une étincelle révolutionnaire.
Entre le romantisme de ceux qui n’ont plus rien Ă perdre et le rĂŞve d’une rĂ©volution qui apporterait la justice sociale, ces jeunes se donnent la mort dans un geste sans retour.
Pourtant l’exemple et le tĂ©moignage qu’ils posent sous nos yeux ne semblent pas Ă©mouvoir les privilĂ©giĂ©s de toute sorte, parmi lesquels certains « compensĂ©s » qui sont les seuls – avec les politiques autoproclamĂ©s – Ă avoir profitĂ© de la rĂ©volution alors que la jeunesse et les rĂ©gions sont abandonnĂ©s Ă leur sort.
Il est terrible de constater que ces immolations passent sous nos yeux comme des faits divers alors qu’elles sont l’expression ultime de la prĂ©caritĂ© qui est en train d’abattre toute la sève d’un pays.
Nos consciences semblent anesthésiées et nos vies vouées à nos petits conforts douillets. Et pourtant, les jeunes crient leur désespoir, leurs désillusions et se donnent la mort.
Jusqu’Ă quand ?
