Il y a quelques jours, malgrĂ© l’atrocitĂ© du crime, l’indignation restait discrète et seules quelques voix s’Ă©levaient aussi bien pour dĂ©noncer l’assassinat d’un chauffeur de taxi que dĂ©plorer l’insĂ©curitĂ© grandissante.
Est-ce parce que ces crimes à répétition sont devenus monnaie courante ? Ou bien parce que les Tunisiens dans leur ensemble se sont résignés à la montée irrépressible du banditisme et de la petite criminalité ?
Un homme de la rue résumait bien le sentiment général en déclarant: « Le jour où ces criminels auront des armes à feu, Tunis deviendra pire que le Chicago des années de feu ».
En quelques semaines, le rythme de la criminalitĂ© semble s’ĂŞtre emballĂ©. Un premier taxi assassinĂ© Ă l’arme blanche, un second braquĂ© et tuĂ© sur une route dĂ©serte, des dizaines de vols Ă la tire et d’agressions partout et Ă tout moment.
Ciblant les parkings, les ruelles, les stations de transport et les bureaux de poste, des dĂ©linquants dĂ©sormais aguerris sont postĂ©s aux environs et attendent l’occasion pour arracher un sac ou un bijou, voler une personne âgĂ©e qui vient de retirer sa pension ou dĂ©pouiller un automobiliste distrait.
Ces agressions se répètent de plus en plus fréquemment et nous en sommes au point où les victimes ne déclarent même plus les vols.
A Tunis, les abords de la gare, l’avenue de Carthage et la rue de Marseille sont devenus des lieux dangereux oĂą une rixe ou une agression peuvent se produire Ă tout moment.
L’insĂ©curitĂ© et son corollaire, le sentiment d’insĂ©curitĂ©, sont Ă leur comble et la balle est clairement dans le camp des autoritĂ©s qui semblent ne plus parvenir Ă juguler la tendance voire l’ignorer.
Jusqu’oĂą irons-nous avant une rĂ©action des pouvoirs publics ? Que cache cette indĂ©cision face Ă la criminalitĂ© ?
Deux questions que les Tunisiens se posent de plus en plus souvent alors qu’ils sont confrontĂ©s Ă une incroyable dĂ©route urbaine qui touche tous les quartiers du Grand Tunis, y compris ceux considĂ©rĂ©s comme huppĂ©s ou ceux qui comptent parmi les moins nantis.
Enfin, le rejet de la classe politique atteint des sommets. En effet, dans l’opinion, il apparaĂ®t dĂ©risoire de passer son temps dans des luttes d’appareils alors que le pays s’enfonce dans la crise et que l’insĂ©curitĂ© rogne les libertĂ©s les plus Ă©lĂ©mentaires de citoyens qui ont simplement peur.
Jusqu’oĂą irons-nous dans cette chute vertigineuse ?

