Ce matin, je me suis trouvé face à une prof en colère. Légitimement en colère. Cette prof sortait en fait du poste de police où elle venait de déposer une plainte.
Enseignante dans une rĂ©gion semi-rurale du grand Tunis, elle a Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă des menaces d’agression venant d’un de ses Ă©lèves. Ce dernier l’a en effet menacĂ©e de s’en prendre Ă elle et Ă son vĂ©hicule.
Cet adolescent de 17 ans est inscrit en classe de terminale et a été pris en flagrant délit de fausse copie par son enseignante. Comme elle a refusé de fermer les yeux sur cette infraction, le ton est vite monté et on est passé aux menaces de représailles.
Devant le mutisme de la direction de l’Ă©tablissement, l’enseignante ne sait plus Ă quel saint se vouer et avoue son inquiĂ©tude. Elle constate aussi que trop d’anomalies sont actuellement tolĂ©rĂ©es dans nos Ă©tablissements, avec des profs, qui en première ligne, paient les pots cassĂ©s.
Plus gĂ©nĂ©ralement, cette enseignante fait un constat des plus amers. Elle affirme en effet que ce sont les Ă©lèves eux-mĂŞmes qui sont en train de casser l’Ă©cole publique, en train de se tirer une balle dans le pied en brisant ce qui reste de l’enseignement public.
Convaincue que le ver est dans le fruit depuis longtemps dĂ©jĂ , cette enseignante parmi tant d’autres n’en peut plus, a revu ses ambitions Ă la baisse et, pour reprendre ses propres termes « tente de sauver sa peau en attendant l’âge de la retraite ».
Sombre tableau qui en dit long sur la descente aux enfers vĂ©cue par nos Ă©coles et sur l’impuissance des bonnes volontĂ©s parmi le corps enseignant Ă renverser seuls la vapeur.
Une dĂ©sillusion individuelle comme tant d’autres car, au dĂ©part, cette dame Ă©tait venue Ă l’enseignement par vocation…