Si cette percĂ©e avait vu le jour, l’avenue Bourguiba se poursuivrait au-delĂ de Bab Bhar, pour atteindre la Kasbah. Un large boulevard sur l’emplacement de la rue de la Kasbah et ses environs irait ainsi vers l’ouest de Tunis, reliant d’un seul tenant les deux grands lacs de Tunis et crĂ©ant une continuitĂ© entre la ville europĂ©enne et la mĂ©dina historique.
Toutefois, ce plan ne verra pas le jour et la citĂ© historique sera prĂ©servĂ©e mĂȘme si, au fil des dĂ©cennies, des changements radicaux toucheront l’axe Bab Jazira-Bab AlĂ©oua, Bab Souika-Bab Allouj et Bab Souika-Bab Saadoun. Mais revenons aux sources de cette mutation urbaine qui ne se rĂ©alisera pas…
Au dĂ©but de l’annĂ©e 1957, le plan directeur de la ville de Tunis prĂ©voyait de percer la mĂ©dina d’est en ouest pour relier l’avenue Bourguiba au quartier de la Kasbah.
Ce plan d’amĂ©nagement avait Ă©tĂ© Ă©tabli par le ministĂšre des travaux publics sur les plans de l’architecte Michel Kosmin. Une Ă©tude de plan masse avait alors Ă©tĂ© confiĂ©e Ă Olivier-ClĂ©ment Cacoub.
Cacoub, sur ses plans, avait prĂ©vu une percĂ©e traversant la mĂ©dina de part en part. Un boulevard de 45 mĂštres de large avec des voies parallĂšles et des rangĂ©es d’immeubles.
Selon ce projet, les habitations de la mĂ©dina allaient ĂȘtre rognĂ©es pour Ă©tablir les voies routiĂšres reliant le port Ă la Kasbah.Pour la rĂ©alisation de cette percĂ©e dans la mĂ©dina, un concours international a Ă©tĂ© lancĂ© en novembre 1959 par les pouvoirs publics. 54 projets seront prĂ©sentĂ©s mais, heureusement, aucun ne fut retenu grĂące Ă un jury qui fit passer d’abord l’intĂ©gritĂ© de la mĂ©dina et dĂ©nonça la brutalitĂ© de cette coupure dans le tissu historique de la citĂ©.
Un colloque international se tiendra les 28 et 29 mars 1961 et dĂ©savouera Ă son tour un projet qui tenait plus de l’idĂ©ologie modernisatrice que de l’urbanisme.
Heureusement, le bon sens avait fini par prĂ©valoir pour privilĂ©gier le caractĂšre unique de la mĂ©dina, ce qui prĂ©serve l’esprit et l’histoire de la ville de Tunis. DĂ©truire n’avait pas de sens alors que rĂ©nover et conserver Ă©taient les gestes qui s’imposaient.
La mĂ©dina n’a pas Ă©tĂ© Ă©ventrĂ©e! Elle demeure aujourd’hui le coeur historique de la capitale, restĂ© indemne malgrĂ© les visions de quelques architectes qui n’auraient pas hĂ©sitĂ© Ă sacrifier le patrimoine historique pour une lecture idĂ©ologique de l’urbain.
Notons toutefois que des percĂ©es ont Ă©tĂ© opĂ©rĂ©es dans le tissu urbain des faubourgs aussi bien Ă Bab Djedid qu’Ă Bab Saadoun et Bab Souika. Ces percĂ©es opĂ©rĂ©es depuis les annĂ©es soixante jusqu’aux annĂ©es 1980 ont profondĂ©ment changĂ© ces quartiers comme on peut le voir de nos jours encore.
Pour la petite histoire, ces projets de percĂ©es dans les faubourgs selon un axe nord-sud existaient depuis 1935 et avaient Ă©tĂ© reprises par le plan d’amĂ©nagement de 1957.