Dans l’Ă®le de Djerba, le bleu du ciel et de la mer se confond avec la blancheur des mosquĂ©es. RepassĂ©es Ă la chaux, bucoliques car souvent celĂ©es au plus profond des campagnes, ces mosquĂ©es sont en effet repassĂ©es Ă la chaux et surgissent au dĂ©tour d’un chemin, entre les sillons d’un champ et les reflets d’un coucher de soleil.
Similaires dans leur architecture rustique aux « menzels », ces manoirs djerbiens, les mosquĂ©es sont partout! Qu’elles ressemblent Ă des forteresses ou qu’elles veillent sur le large, elles tĂ©moignent d’une architecture sobre et surprennent par cette blancheur Ă©clatante.
L’une de ces mosquĂ©es singulières se trouve non loin de Mezraya, entre Midoun et Houmt Souk. C’est de la mosquĂ©e Sellaouati qu’il s’agit dont la construction remonterait au seizième siècle lorsque le clan des Sellaouates s’installa dans cette rĂ©gion fertile.
Une lĂ©gende de fondation entoure la naissance de cette mosquĂ©e. On raconte ainsi qu’après avoir creusĂ© un puits, les Sellaouates dĂ©cidèrent d’Ă©tablir leur lieu de culte. Ils allaient commencer Ă bâtir l’Ă©difice lorsqu’ils constatèrent la prĂ©sence d’une colonne de marbre qui affleurait du sol.
Ils reçurent comme un signe divin l’existence de cette colonne et dĂ©cidèrent d’Ă©tablir leur mosquĂ©e en y incorporant ce vestige d’une autre Ă©poque. Le sanctuaire fut alors construit avec simplicitĂ© et l’Ă©difice achevĂ©, on s’engagea Ă y prier le lendemain.
C’est ainsi qu’Ă l’aube, les membres de la communautĂ© se retrouvèrent devant leur mosquĂ©e. Toutefois, mystĂ©rieusement, la porte en Ă©tait close. MalgrĂ© l’absence de serrures et de loquets, la porte refusait de s’ouvrir. Ne sachant comment s’y prendre, ils retournèrent la question dans tous les sens. Mais rien n’y fit.
Ils se rĂ©solurent alors Ă demander conseil Ă une femme vĂ©nĂ©rable reconnue de tous pour sa sagesse. Elle leur indiqua qu’il fallait qu’ils s’acquittent de leur devoir de charitĂ© pour que la porte s’ouvre devant eux.
AussitĂ´t dit, aussitĂ´t fait! Du pain fut enfournĂ© et distribuĂ© aux indigents alentour. Un dernier pain fut gardĂ© par le cheikh qui l’Ă©mietta devant la mosquĂ©e. C’est alors que la porte consentit Ă s’ouvrir enfin…
Depuis, cette mosquĂ©e massive au minaret carrĂ© continue Ă recevoir les fidèles et, parfois, de simples curieux allĂ©s Ă la quĂŞte de ce sanctuaire immaculĂ© qui se cache derrière les oliviers et cèle en lui une tradition de plusieurs siècles…