Cette carte postale du vingtième siècle nous montre combien une ville peut changer en quelques dĂ©cennies. Nous sommes ici rue du Portugal, c’est Ă dire dans le prolongement de la rue d’Espagne, dans cette artère qui porte aujourd’hui le nom de Farhat Hached et qui, dans le temps, menait au port et au quartier de la Petite Sicile.
En ce temps, la Place Barcelone n’existait pas. On trouvait sur son emplacement, comme le montre la photo, des hangars, des magasins et mĂŞme un moulin Ă vent.
On peut aussi sur cette photo reconnaĂ®tre les accès de la rue de Belgique (Ă droite) et de la rue de Hollande (Ă gauche). Ni mĂ©tro lĂ©ger, ni cireurs de chaussures, ni camelots ni agitation et dĂ©rives urbaines…
Seulement des immeubles de rapport et quelques passants ainsi qu’une charrette qui donne une touche bucolique Ă l’ensemble.
Ce quartier de Tunis a connu des changements en profondeur avec la crĂ©ation de la Place Barcelone et de la station des bus de l’ouest de Tunis, au dĂ©but des annĂ©es 1970.
A ses dĂ©buts, la place Barcelone Ă©tait un jardin public parmi les mieux entretenus de la ville avec jets d’eau multicolores et bancs publics de style.
La place sera dĂ©laissĂ©e Ă partir des annĂ©es 1980 et sera victime des agrandissements successifs de la station de bus puis de l’arrivĂ©e de la gare du mĂ©tro lĂ©ger.
Depuis, cette place Barcelone a perdu son attrait antĂ©rieur alors que l’ensemble du quartier Ă©tait dĂ©classĂ©. De nos jours, on ne peut que se souvenir de l’ambiance de cette place et ses environs du temps oĂą Jazy Ă©tait l’une des rares Ă©piceries fines de Tunis et que la librairie du Gai Savoir comptait parmi les mieux achalandĂ©es de la capitale.
Comme quoi, une image, une seule, peut parfois suffire pour rĂ©sumer l’effondrement d’une partie de la ville et Ă tout le moins, son changement de vocation. Exit le Portugal, exit Barcelone, ne demeurent qu’un certain dĂ©sordre urbain, aggravĂ© par un manque flagrant de civilitĂ©…
