Je suis un simple individu qui refuse d’ĂŞtre dĂ©pouillĂ© de ses libertĂ©s au nom de la toute-puissance de la religion qui primerait sur tout le reste.
Ma religion est dans mon cĹ“ur et n’a pas besoin d’ĂŞtre ostentatoire pour ĂŞtre pleinement vĂ©cue. Ma religion ne m’empĂŞche pas de me souvenir qu’Erasme parlait du libre arbitre dès le seizième siècle et que l’habeas corpus est un acquis pour toute l’humanitĂ© contre les servitudes.
Ma religion ne m’empĂŞche pas d’ĂŞtre profondĂ©ment europĂ©en de culture. Elle ne me fait pas oublier que je suis plus occidental qu’un Autrichien ou un Russe, que je suis bien un Occidental du sud, un MaghrĂ©bin, fier Afar dont les ancĂŞtres ont donnĂ© son nom au continent qui nous porte.
Ma religion n’obscurcit pas ma raison. Elle ne me fait pas, au nom d’une croyance intĂ©griste, prendre des vessies pour des lanternes.
Elle ne me vautre pas dans la haine d’autrui et la paranoĂŻa d’un « complot judĂ©o-chrĂ©tien ».
Contrairement Ă d’autres qui se contentent de l’ostentatoire et du mimĂ©tisme intĂ©gral, ma religion est scellĂ©e dans les profondeurs insondables de mon ĂŞtre.
Elle me nourrit et me renforce. Elle me fait voir le monde avec gĂ©nĂ©rositĂ©. Elle me voue Ă l’action car la foi sans les actes ne vaudrait rien en rĂ©alitĂ©.
J’assume ma judĂ©itĂ©, mon christianisme et mon Islam car ma religion englobe, s’approprie et annexe et, surtout, ne rejette jamais.
J’assume mon ĂŞtre dans le monde sans avoir besoin de folklore ni de haine pour me rassurer. Je ne suis pas un mort anthropologique qui chercherait Ă renaĂ®tre tel un fantasme des siècles.
Je le rĂ©pète: je suis un individu, un simple individu, un homme sans importance collective, tout juste un individu, un homme qui n’adhère Ă rien sinon Ă sa libertĂ©.
Je ne sais pas pourquoi je me suis lancĂ© dans cette confession…
Probablement parce que de plus en plus, j’ai peur pour ma libertĂ© et mon intĂ©gritĂ© physique. Peut-ĂŞtre aussi parce que ces drapeaux noirs constellĂ©s de cimeterres Ă lame large et recourbĂ©e me semblent porteurs de pĂ©rils.
Ou alors serait-ce tout simplement que je manque de courage face Ă ce qui revendique la terreur pour les libres penseurs et l’asile d’ignorance de Spinoza pour ceux qui marchent en rangs aussi serrĂ©s qu’une peste brune.
Alors que montent les clameurs revanchardes, j’ose le beau risque, je fais le pari de demeurer un individu, seul, absurde et libre.
Que d’autres battent les estrades pour flatter leur ego dĂ©mesurĂ©, je prĂ©fère l’anonymat et la solitude des Ă©claireurs.
Individu certes. Mais citoyen et démocrate. Profondément républicain et convaincu que la liberté individuelle signifie aussi la responsabilité individuelle.
C’est pourquoi d’ailleurs, ils sont si nombreux celles et ceux qui craignent la libertĂ© car elle est d’abord respect d’autrui et esprit de partage.
HB
