En Tunisie, cher voisin et ami, nous nommons Aïd el Idh’ha – ce qui signifie la Fête du Sacrifice – de différentes manières. C’est ainsi que les Tunisiens nomment aussi cette fête Aïd el Kebir – le grand Aïd – par opposition à Aïd Esseghir – le petit Aïd – qui intervient à la fin du Ramadan. On désigne aussi cette fête par Aïd el Allouche, ce dernier terme signifie « mouton ».
Cette fête religieuse que nous célébrerons lundi prochain est inséparable du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam qui intervient simultanément.
D’abord un regard sur l’année hégirienne
De fait, Aïd el Idh’ha intervient le dixième jour du dernier mois de l’année hégirienne. Ce mois de Dhou el Hijja est ainsi celui du sacrifice et du pèlerinage. Et, à la fin de ce mois, ce sera l’avènement du Nouvel an musulman avec l’entrée du mois de Moharram, premier mois de l’année musulmane.
Cette année lunaire se compose de douze mois dont le premier est donc Moharram et le dernier Dhou el Hijja.
Pour mémoire, voici dans l’ordre chronologique, les dix autres mois qui sont Sfar, Rabii el Aouel, Rabii el Thani, Joumada el Aouel, Joumada el Thani, Rejeb, Chaâbane, Ramadan, Chaoual et Dhou el Kaâda.
Le miracle d’Abraham
Aïd el Idh’ha commémore le miracle d’Abraham dont la foi fut éprouvée par le Tout-Puissant qui lui demanda de sacrifier son fils. Au moment même où Abraham allait accomplir le geste fatal, un miracle se produisit lorsqu’un ange arrêta son bras et fit apparaître un mouton au lieu du fils du patriarche biblique.
C’est de ce geste et de ce miracle qu’est née la tradition de Aïd el Idh’ha. Toutefois, ce n’est pas tout car cet aïd est, comme mentionné plus haut, inséparable des rites du pèlerinage.
La grande prière de l’Aïd
L’immolation d’un mouton est donc l’un des rites fondamentaux de l’Aïd. Ce n’est pas le seul car, en ce jour, une grande prière est organisée dans toutes les mosquées aux petites heures du matin. Ce n’est que la prière accomplie que le sacrifice aura lieu.
Dans le temps, le chef de famille ou l’un de ses enfants effectuait le sacrifice rituel mais de nos jours, ce sont des bouchers qui s’acquittent de ce geste.
Quelques usages symboliques et rituels
Beaucoup de dimensions symboliques et rituelles entourent ce sacrifice de l’Aïd ainsi que nombre de traditions profanes. Ces coutumes se développent avant, pendant et après le sacrifice.
Avant le sacrifice, elles sont surtout relatives au mouton et à sa présence dans les villes avec d’une part l’organisation des marchés et d’autre part le soin attentif dont les enfants entourent ces moutons.
Pendant le sacrifice, les coutumes sont nombreuses et vont des incantations rituelles à nombre de gestes superstitieux relatifs par exemple à la vésicule de l’animal ou à l’usage de différents encens.
Après le sacrifice, les coutumes sont surtout de caractère alimentaire avec la confection de plats particuliers selon les régions. Elles ont aussi une dimension symbolique, comme par exemple le fait de veiller à ne pas rompre un os précis qu’il faut conserver intact pour les bons augures.
La perspective du Nouvel an hégirien
En ce sens, les rituels de Aïd el Idh’ha relient cette fête au Nouvel an musulman qui interviendra une vingtaine de jours plus tard.
En effet, plusieurs des morceaux du mouton sacrifié seront conservés dans la perspective de cette autre célébration qui est marquée par un couscous rituel.
Au-delà, en règle générale, il est fortement recommandé d’offrir la viande de l’animal sacrifié aux plus pauvres en signe de solidarité communautaire.
En ce sens, les familles tunisiennes offrent un mouton aux plus pauvres lorsqu’elles ont perdu un de leurs membres au cours de l’année qui s’écoule. Cette tradition dite du « korban » – un terme d’origine turque qui signifie « sacrifice » – est des plus vivaces et se pratique partout en Tunisie.
H.B.